A la fin du 19e siècle, Zeïtoun, Yasmina et Tomasta se défont de leur esclavagisme, ils fuient loin de leurs maîtres mais en restant dans cette région du Sahel nommée à l'époque Baobabia, autour de l'actuel lac Tchad. Ils trouvent refuge sur une grande île du lac, une kirta, une île mouvante qu'ils nomment Keyba. Ils accueillent des esclaves libérés. Tomasta très instruit et disposant de livres, est le premier chef de cette communauté qui se construit, avec ses règles et son mode de vie en autarcie. Ils réussissent à ne pas être embêtés par des gens du continent en faisant croire qu'une sorte de sorcière vit là.
Les années passent. Ils ont des nouvelles de l'extérieur par les naufragés qui cherchent un refuge et qui sont les bienvenus. Ils découvrent l'évolution du monde notamment par les avions qui passent dans le ciel. Baoro, ancien tirailleur, se réfugie sur l'île pour échapper aux collons qui lui en veulent car il prône l'indépendance. Baoro raconte le monde aux habitants de l'île. Après plusieurs années il repart en pirogue pour savoir si son pays est indépendant. En direction de sa ville Fort Lamy, il apprends qu'elle s'appelle maintenant N'Djamena. Baoro croit en Dipanda la déesse de la liberté. Mais cette liberté ne s'installe pas malgré le départ des colons européens. Au contraire les dirigeants qui ont pris le relais, notamment Hissein Habré, ont des méthodes sanglantes, ils tyrannisent leurs peuples.
L'armée du Nigeria, puis celle du Niger et enfin Boko Aram débarquent sur l'île. Puis se sont les deux autres pays, coalisé, le Cameroun et le Tchad qui chassent Boko Aram.
Ce qui emmène le récit jusqu'en 2017 avec des attentats de fanatiques musulmans contre les populations locales.
Les habitants de Keyba ont toujours cherché à vivre en paix et à en faire profiter ceux qu'ils accueillaient. Leur île dérivait et tournait lentement, comme pour échapper au tumulte extérieur. le jour du débarquement de Boko Aram sur l'ile, il y eu une grande détonation lointaine, et l'île s'est immobilisée, comme échouée. La fin d'une utopie.
J'ai beaucoup aimé l'impregnation historique, les descriptions sur l'esclavage.
C'est un livre parfois poétique. La lecture n'est pas facile, du fait du style de l'écriture et des termes des dialectes locaux. Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis car tout y est immaculé de blanc.
J'ai beaucoup aimé ce livre.