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Critique de jlvlivres


Profitant des vacances, le supplément féminin d'un grand journal du matin a assorti son cahier de jeux d'une série de planches de « Spirou chez les Soviets » encore inédit et à paraitre le 04/09 (2020, Dupuis, 56 p.). Ecrit par le scénariste Fred Neidhardt, celui-ci utilise tous les codes, évidemment réactualisés de Blanche Dumoulin, mettant en scène Spirou dans son costume rouge de groom et son compagnon Fantasio, auquel il fait ajouter Spip, leur écureuil fétiche. Les dessins de Fabrice Tarrin reprennent ceux de Rob Vel et éventuellement Luc Lafnet, qui ont fait la renommée de ces personnages de la célèbre série « Spirou et Fantasio ». L'écureuil fétiche est lui aussi présent, sauvé des griffes d'un savant fou, du fait de la signification de spirou, soit écureuil, en wallon.
L'intrigue est simple. le comte de Champignac a disparu, enlevé par des agents du KGB, alors qu'il était sur le point de produire « le métodur, qui rend rigide tout métal ». Un autre savant fou est sur le point d'isoler « l'astalyne marxoïde » d'un champignon, « molécule capable d'activer le gène du communisme qui est en sommeil dans chaque organisme vivant ». C'est la raison d'être du « Communisicheski Cerebralni Chromosomu Programma » (CCCP pour ceux qui n'auraient pas compris le subtil jeu de mots).
Spirou et Fantasio vont donc profiter « d'un grand reportage en URSS ! En cinq colonnes à la une ! » pour aller à la recherche du Conte et de Spip. Tout cela pour le compte du journal « Vaillant », qui tenu la vedette avec Pif le chien, journal financé par le parti communiste à l'époque. Mais avant de partir, ils bénéficient des gadgets que « Monsieur R. » leur a concoctés à la manière d'un vulgaire James Bond. La suite des clichés s'enchaine, avec la relation « des vacances à Sotchi du kamarad Kapitan » dans « une datcha de 300 m2 avec 2 salons et 3 toilettes ». Heureusement il y a Tanya, la petite fille du café qui va les aider à passer par les égouts et aller à l'institut du cerveau.
Le problème du scénario et sa limite dans l'espace en 56 pages est de vouloir en faire souvent trop. D'où des successions de planches, dont il est quelquefois difficile de faire le raccord. Manque de cohérence général entre les épisodes donnant l'impression d'une accumulation de sketches plutôt qu'une histoire construite.
Donc 6 fascicules de 8 planches, en couleur et petit format pour faire partager au lecteur les jeux de mots et autres caricatures (les R inversés pour faire plus cyrillique) qui reprennent tous les poncifs d'un anti communisme très primaire.
Il était cependant important pour Spirou de faire pendant au « Tintin au pays des Soviets », de Hergé, paru en 1930. C'était le premier album de la série des Tintin dans laquelle Tintin et son fox-terrier Milou partent en reportage pour le compte de « le Petit Vingtième ». C'est aussi une charge violente sur les conditions de vie en URSS, commandée par le rédacteur en chef du journal, l'abbé Norbert Wallez, ouvertement anticommuniste, qui veut montrer aux jeunes Belges toute l'horreur du bolchevisme.
La comparaison entre les deux BD souffre évidement du décalage de date et d'évolution des idées en 90 ans. Cependant les charges de Hergé, dont les idées étaient plutôt droitières, justifiaient les dénonciations d'un régime fachiste et déjà fortement corrompu. La publication de la série du Spirou, fait plutôt l'impression d'une mauvaise resucée, aves mêmes idées droitières, d'un régime qui s'est imposé de lui-même. Caricature d'une caricature, qui à mon avis n'apporte rien, ni à la bande dessinée, ni aux idées. A la limite, le Spirou d'aujourd'hui fait plus penser à une récupération « capitaliste » dans la veine de certains films de superproduction qui rejouent des idées déjà éculées. Blockbuster ou suite de bandes annonces. Mais bon, quand c'est mauvais, c'est mauvais.
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