Film parlé

Ecrit avec l'idée dans faire un film - mais ce n'est pas un scénario - ce texte est d'une très belle beauté visuelle. On se croirait dans les films des années 40, les trottoirs mouillés de Paris sur lesquels se reflètent la lumière des réverbères, les dancing, les taxis circulant dans la nuit, les cocottes et la musique, les rires, les talons dans le silence des petites rues...
Irène Némirovsky a l'art de décrire, de créer une ambiance, c'est une évidence, même si ici elle est conforme à tout ce qui se faisait à cette époque.
Anne, élevée par sa tante en Province, décide à 16 ans de rejoindre sa mère, prostituée, à Paris non seulement parce qu'elle ne supporte plus cette tante qui l'insulte et la vole, mais tout simplement parce qu'elle veut vivre, enfin.
Sa mère, bouleversée de rencontrer sa fille dont elle n'avait que des nouvelles par sa soeur, décide de tout arrêter et de partir refaire sa vie avec elle, mais Anne refuse; elle veut découvrir le monde de sa mère à laquelle elle a si souvent pensé. Ce sont deux femmes abîmées par la vie, toutes les deux précocément, qui se rencontrent et essaient de s'aimer, mais pour Anne, cette rencontre arrive peut-être trop tard...
Le roman est court, avec de nombreuses ellipses dans le temps, et si clair qu'on voit en effet le film se dérouler devant nos yeux. Pour tout dire, c'est un récit triste et cruel dans lequel on voudrait tant voir Anne et sa mère Eliane s'envoler pour quitter cette misère.
Quelle écriture!