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Critique de Gwen21


Quel roman, quelle émotion !
Irène Némirovsky met décidément dans chacune de ses phrases une telle puissance et en même temps une telle pudeur qu'elle crée une alchimie envoûtante. Après "Jézabel", premier coup de coeur, en voici un second.

De 1914 à 1941, "Les feux de l'automne" retrace la chronique de la famille Jacquemain. Dans un Paris tour à tour charmeur et misérable, aux évocations soignées et vivantes, les membres de cette famille pareille à tant d'autres connaissent successivement les deux guerres mondiales et surtout, la période trouble de l'entre-deux-guerres, ces années folles parfaitement retranscrites par l'auteur.

Avec sa sensibilité de femme toute en lucidité et en poésie et une compréhension fine des enjeux politiques et économiques de son temps, Irène Némirosvky nous offre ici un roman poignant qu'on ne peut plus lâcher une fois commencé. Ses personnages sont tous très approfondis, jamais caricaturaux, profondément humains et exigeants. Ils m'ont séduite et j'ai eu du chagrin à les quitter.

Quand on replace ce roman - publié à titre posthume - dans son contexte (il a été écrit en 1941 et 1942), quand on sait que l'auteur sera arrêtée et déportée à Auschwitz quelques mois seulement après l'avoir écrit, quand on se souvient que cette femme courageuse a intimement connu les événements qu'elle narre, ses descriptions, notamment celles du conflit qui lui coûtera la vie ainsi que celle de son mari, prennent un relief extraordinaire, quasi documentaire, et véhiculent une émotion troublante. Impossible en effet de ne pas tracer de parallèle entre les derniers chapitres qui relatent la fuite de Thérèse Jacquemain et de ses deux filles à la campagne, à deux cent kilomètres de la capitale, et la réalité autobiographique quand on sait qu'Irène, son mari et leurs deux fillettes s'étaient eux aussi réfugiés dans un village du Morvan avant leur arrestation en 1942. Et qu'Irène ait trouvé la force d'écrire dans ces circonstances, décrivant notamment les conditions de vie dans un camp de prisonnier sans se douter qu'elle-même les vivrait quelques semaines plus tard...

Je vous conseille vraiment chaleureusement la lecture des "Feux de l'automne", un roman superbe et marquant.


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