Du sang sur la glace

Très bon roman policier. Court mais intense. Histoire d'un tueur qui va se perdre par amour. Intrigue assez banale me direz-vous, mais c'est tout le contexte qui fait l'originalité. A part Les polars islandais d'Indridason, je n'avais pas encore lu d'autres romans policiers venant du froid. le titre résume bien l'ambiance. le sang et la glace. L'auteur nous explique d'ailleurs en détails par l'intermédiaire du narrateur pourquoi le rouge du sang ne se mélange pas si facilement avec le blanc de la neige. L'explication tient dans la composition des cristaux de neige, selon qu'elle soit compacte ou poudreuse. On approche ici du happening artistique ! Alors que le commissaire Erlendur de Reykjavík résout ses enquêtes sur fond de spleen et des déboires de sa vie personnelle, Jo Nesbo nous offre ici un personnage de tueur apparemment un peu simplet – il le dit lui même – la seule chose qu'il sait faire, c'est « expédier ». Pour autant, on le présente comme un lecteur boulimique et il cite volontiers David Hume et Victor Hugo. Mais il va découvrir, et le lecteur avec lui, qu'il a un extrême besoin d'amour - grosse faille narcissique due à son enfance – et qu'il va tout simplement tomber amoureux de la femme qu'il est sensé « expédier ». Tout cela sur fond de prostitution, de drogue et de guerre des gangs dans cette bonne ville d'Oslo que l'on s'imaginerait plutôt assoupie sous la neige de l'hiver attendant la venue du père Noël et ses rennes. Mais les auteurs nordiques nous ont maintenant habitué à cette vision plutôt glauque et peu reluisante de la Scandinavie. Je pense notamment aux séries TV comme « Bron » ou « Forbrydeelsen ». Et j'ai toujours en tête « Le cri » de Munch. de là à parler d'expressionnisme pour Jo Nesbo… (Je ne parviens toujours pas à associer le o avec le / sur mon clavier.)