"
Rouge-gorge" marque assurément un tournant dans la série des Harry Hole. Pour la première fois, Jo Nesbø n'envoie pas son inspecteur à l'autre bout du monde, mais le confronte à l'histoire de la Norvège et ses résonances présentes. On apprend d'ailleurs beaucoup de choses dans ce roman sur la situation de la Norvège pendant la Seconde guerre mondiale (un pays occupé par les Allemands dont le roi et le gouvernement se sont exilés à Londres) et particulièrement sur les jeunes Norvégiens engagés volontaires dans l'armée allemande, dont les survivants ont après la guerre été jugés comme traîtres à la patrie et condamnés à des peines de prison. S'il est aussi long et dense que les précédents, ce roman est beaucoup mieux construit. Sa dimension historique et ses allers et retours entre passé et présent m'ont d'ailleurs fait un peu penser aux romans d'un autre auteur de polars nordiques, l'islandais
Arnaldur Indridason. Mais les romans de Jo Nesbø sont beaucoup plus foisonnants.
Dans ce troisième roman, Harry Hole est moins présent. Il existe surtout grâce à la mémoire du lecteur qui a lu "
L'homme chauve-souris" et "Les cafard"s et a donc déjà sympathisé avec le personnage. Ce qui est intéressant dans la construction de Jo Nesbø est qu'il n'y a pas d'intrigues secondaires. Chaque histoire pourrait faire l'objet d'un roman à part entière : un roman historique, un roman politique, un roman sentimental, un roman psychologique, un roman bien sûr policier, et toujours le drame existentiel que porte en lui le personnage de Harry Hole. Cerise sur le gâteau, la fin de "
Rouge-gorge" est à la hauteur de l'attente entretenue par ce roman multiple. Une grande réussite !
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