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Critique de DOMS


Le roman s'ouvre sur une scène étrange, une jeune femme évoque le moment où "Une fois à la gare, quelque chose a lâché en moi… Je me revois faire un pas en avant vers les voies et regarder mes pieds."

C'est Eve qui parle. Dans sa vie, il y a Suzon, éternelle serveuse d'Un bar aux Folies Bergère peint par Manet en 1882. Suzon, du champagne, des fleurs, des spectateurs, et cet homme au second plan qui semble la regarder. Il y a surtout Eve qui part chaque mercredi à la rencontre de Suzon, dans la salle 6 de la galerie Courtauld à Londres.

Il y a Karina et Bill, chez qui elle partage une chambre en échange de quelques heures de ménage et d'un loyer à prix modéré.
Il y a Max, l'ami d'avant, toujours présent, discret et tendre, attentionné et prévenant.
il y a surtout Grâce, qui aurait eu vingt-six ans cette année.
Eve abandonnée par sa mère alors qu'elle avait à peine cinq ans, délaissée par un père absent, perdu dans les vapeurs d'alcool, cet alcool qui pourtant ne fait rien oublier des aléas de la vie.
Et Grâce qui revient sans cesse dans sa tête, les souvenirs, les mots, les gestes de Grâce aujourd'hui disparue.

Eve est serveuse dans un restaurant, jusqu'au jour où elle rend son tablier à la suite des gestes d'un client indélicat.
Alors que tout va mal, elle n'a pas besoin de chercher loin un emploi, une affichette lui montre la voie : modèle vivant pour cours de dessins. Là elle rencontre Paul, et surtout Annie, la douce et blonde, belle et talentueuse Annie. Annie en cours de divorce, lui propose d'être la baby-sitter occasionnelle de sa fille Molly.
Max la sauve du pire, en lui trouvant un emploi, en l'accompagnant, en tentant de l'aider. Max le doux ami si attachant et si compréhensif. Une relation rare dans la vie de cette solitaire qui s'isole de plus en plus.

Car Eve transporte des tonnes de peine, de tristesse, de doutes et de culpabilité. À tel point que sa chute est lente mais implacable, il faut comprendre qu'elle refuse de se faire accompagner pour parler, dire, comprendre.

Peinture fraîche est un belle surprise, de ces romans que l'on a envie de lire et de faire lire. Émotion, introspection, dérision, mal de vivre, Eve passe par tous les stades et nous avons envie de la suivre. Cette jeune femme cleptomane invétérée et décomplexée, est aussi paumée, déprimée, rongée par la culpabilité. Elle n'arrive pas à se pardonner le décès de son amie.
La façon de nous la présenter est tout sauf ordinaire, jeune femme atypique, attachante, bouleversante et amusante, à laquelle on s'attache tant les casseroles qu'elle trimbale sont énormes et ne l'ont pas aidée à bien démarrer dans la vie. C'est à la fois triste et puissant tant la résilience est proche, possible, souhaitée, par tous ceux qui suivent Eve avec attention et empathie, autant que par nous lecteurs.
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