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Anouk Neuhoff (Traducteur)
EAN : 9791037109378
368 pages
La Table ronde (31/08/2023)
4.08/5   20 notes
Résumé :
« Ces yeux lourds, cette frange irrégulière. Bloquée derrière son bar… Serait-elle à un tournant de sa vie qu’elle est incapable de négocier ? »

Quelque chose dans le portrait de Suzon, peinte par Manet en 1882, fascine Eve, serveuse dans un restaurant de Londres, qui vient la retrouver chaque mercredi à la galerie Courtauld. Le jour où elle rend son tablier après s’être fait caresser la cuisse par un client, c’est à nouveau vers Suzon qu’elle se tour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Je remercie Nicolas de Babelio pour l'envoi (dans le cadre d'une "masse critique") de ce roman de la journaliste et autrice anglaise Chloë Ashby, magnifiquement traduit par Anouk Neuhoff.

Beaucoup aimé cette lecture pour plusieurs raisons :

- Londres et ses quartiers, Princes Court, Somerset House sur le Strand, South Kensington, la City, Kilburn, Waterloo Bridge, Finsbury Park,…

- l'écriture de Chloë Ashby, douloureuse mais émaillée de petites touches de l'humour « pince sans rire » anglais que j'affectionne tant

- une « anti » héroïne pas trop gâtée par la vie extrêmement attachante
Abandonnée par sa mère à un père alcoolique, Ève est minée par un autre drame, survenu alors qu'elle était étudiante. Depuis elle se démène, enchaînant les petits boulots.
Épaulée par des colocataires sympas, un copain d'enfance en passe de devenir un amoureux, une nouvelle amie, Ève lutte contre un terrible sentiment de culpabilité. Des scènes banales du quotidien la renvoient sans crier gare à des épisodes (refoulés ?) de son passé, qui ravivent la blessure.
Le mercredi, elle se rend à la Courtauld Gallery pour son « rendez-vous » hebdomadaire avec Suzon, la serveuse de Un bar aux Folies Bergères (tableau peint par Manet en 1882), sorte de double, de « second self » dont elle se sent étrangement proche, bien qu'elle ne soit jamais parvenue à en décrypter les pensées.

- l'importance de l'art dans la vie de Ève, tantôt spectatrice et tantôt « modèle vivant », avec un questionnement intéressant sur le jeu de regards entre artiste et modèle, ce que « l'autre » accepte de nous montrer et ce que l'on en perçoit.

Bref, une autrice extrêmement talentueuse et un premier roman surprenant et émouvant, dégageant une profonde humanité.

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J'ai reçu ce roman dans le cadre de la Masse Critique de septembre. Je remercie Babelio et les Editions de la Table Ronde. Sans eux, je n'aurais jamais lu ce premier roman qui me fait l'effet d'une claque. le récit se tend crescendo… Eve ne va pas très bien. Beaucoup de raison à cela : une histoire familiale compliquée, des difficultés à se stabiliser au niveau professionnel et amoureux… Beaucoup d'interrogations, de doutes, de mauvais choix mais quelques ouvertures pour s'en sortir : des visites au musée apaisantes, des petits boulots qui l'occupent et lui donnent le sentiment d'être utile, des rencontres humaines aidantes, des regards et des mains tendues mais toujours cette seconde voix qui l'accompagne, tantôt la raisonnant, tantôt la déstabilisant jusqu'à l'assaillir dangereusement. On ne sort pas indemne de cette lecture. Ce récit sombre est adouci par une plume alerte, qui s'autorise des pointes d'humour, il est aussi très prenant car jusqu'aux dernières pages, la destinée de l'héroïne ne tient qu'à un fil. En reprenant cette histoire à rebours toutes les situations qu'elle vit, sont sources d'instabilité et de déséquilibres angoissants toujours réajustés in extrémis… Mais jusqu'à quand ?
Pour clore cette chronique, quelques mots sur l'édition. le papier est d'une grande qualité, très agréable au toucher et la couverture retrace tout à fait l'ambiance du récit : une photo floue de femme tronquée, des tons froids sur un papier mat d'où se détachent avec panache le nom de l'autrice et le titre de l'ouvrage qui lui aussi ne prend sa signification qu'au terme de la narration. Etincelant !
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Chaque mercredi Eve se rend à la galerie londonienne Courtauld et plante son regard dans celui de Suzon, la serveuse de Un bar aux Folies Bergère, tableau peint par Manet en 1882 dont on peut trouver la reproduction en ouverture du roman. Des questions qu'elle voulait muettes s'échappent parfois de sa bouche au grand étonnement des autres visiteurs. Mais Eve n'est pas folle, juste désespérée même si elle s'applique à le cacher pour tenter de surmonter des douleurs encore trop vives. Rien ne s'aligne dans sa vie. Son dernier job de serveuse se termine par un scandale, ses relations déjà tendues avec ses colocataires s'enveniment inexorablement alors elle répond à une annonce de recherche de modèles vivants pour apprentis artistes. Nouvel environnement, nouvelles rencontres et peut-être une clé pour l'aider à affronter l'objet de sa douleur. Car la vie d'Eve est jalonnée de pertes et d'un sentiment de culpabilité qui la détruit à petit feu. le jour où Suzon manque à l'appel pour cause de prêt au Musée d'Orsay, le désarroi de la jeune femme se creuse mais ce sera peut-être le déclencheur d'un sursaut salutaire.

J'ai beaucoup aimé la façon dont Chloë Ashby fait évoluer son personnage, installe peu à peu le lecteur à ses côtés, tout en douceur et en empathie. On découvre Eve par petites touches qui viennent étoffer sa personnalité et révéler le traumatisme qui a fait éclater sa vie au moment où elle était à peine en train d'imaginer son avenir. Sa solitude est palpable malgré ses interactions non dénuées d'humour avec ceux qui l'entourent mais ignorent pour la plupart son passé. L'autre réussite de ce roman c'est le jeu artistique, jamais appuyé. Des jeux de regards ou de miroirs entre artistes et modèles et un questionnement sur ce que l'on perçoit de l'autre. C'est si subtil qu'on le ressent mais peine à le définir. Ce que je sais c'est que j'ai terminé ce livre très émue, pleine d'empathie pour Eve et je l'avoue assez amoureuse de Max (ça existe vraiment un mec pareil ?). Un excellent roman qui joue sur plusieurs plans, sait distiller le suspense et nuancer les émotions, et confirme s'il en était besoin l'intensité du pouvoir de l'art à bousculer ou réparer nos vies.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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À lire le titre, on pourrait penser, un coup de peinture fraîche, on efface tout et on recommence, mais avant d'en arriver là plusieurs étapes seront nécessaires pour achever si l'on peut dire : les travaux en cours. 

Chloé Ashby dépeint avec talent, la vie de cette jeune femme où l'art a une place de choix puisque d'une certaine façon, ça l'aide à surmonter différents traumatismes liés au deuil et à l'abandon. 

Avec humour même s'il est parfois grinçant, l'histoire d'Eve, un brin cleptomane se dessine sous nos yeux, tout en nous révélant petit à petit le drame qui l'empêche d'être pleinement heureuse. 

Colorée d'amitié, d'un peu d'amour, d'une pointe d'humour, de rébellion mais aussi de courage, cette toile contemporaine nous offre à sa manière une belle oeuvre artistique assez poignante où l'art de survivre mérite bien un bon coup de Peinture fraîche au final pour embellir les murs porteurs de la future nouvelle vie , d'Eve.
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(...) Parmi ces quatre lectures figure Peinture fraîche (2023), un premier roman très réussi et touchant dont j'ai tourné la dernière page avec un petit pincement au coeur…

La journaliste culturelle anglaise Chloë Ashby y brosse le portrait sensible et tout en nuances d'une jeune Londonienne de vingt-six ans un peu perdue dans les méandres de sa vie.

Depuis que sa vie « est partie en vrille » quelques jours avant son cinquième anniversaire, Eve peine à évoluer de manière stable. Durement affectée au fil des ans par la disparition brutale d'êtres chers, elle tente tant bien que mal de se (re)construire, louvoyant entre les jobs qu'elle enchaîne, ses séances de yoga et chez le psy ou encore ses visites hebdomadaires à la Courtauld Gallery où elle se rend chaque mercredi pour voir Suzon, la serveuse de Un Bar aux Folies bergère (Edouard Manet, 1882), dont elle se sent étrangement proche bien qu'elle ne soit jamais parvenue à en décrypter le regard et les pensées.

Eve vit en colocation avec Karen, une « Norvégienne au cuir épais » chargée de com' dans l'hôtellerie dont elle subtilise régulièrement les affaires, et Bill, le patron d'une jeune start-up. Si Karen et Bill viennent naturellement et régulièrement en aide aux « gens comme elle » et la laissent vivre chez eux pour presque rien, pour Eve ils représentent ce qui se rapproche le plus d'une famille. Lorsque suite à un scandale, elle démissionne de son poste de serveuse, Eve doit rapidement retrouver un emploi pour ne pas aggraver une situation déjà délicate. Elle accepte alors de « se désaper au nom de l'art » en servant de modèle vivant dans une école d'art et, dans la foulée, décroche un nouveau poste de serveuse dans la City grâce à Max, son plus vieil ami à Londres. Enfin arrive Annie, une trentenaire rencontrée à l'école d'art où elle pose, qui lui propose du baby-sitting. Grâce à ces diverses opportunités et à la grande bienveillance des personnes qui l'entourent, Eve semble -enfin- sur le point d'atteindre une certaine stabilité et bien-être psychologique. Malheureusement ses fêlures sont profondes…

En usant de la première personne du singulier et en parsemant de façon non linéaire le roman de brèves parties en italiques dans lesquelles Eve s'adresse, au gré de ses souvenirs, à sa meilleure amie disparue cinq ans plus tôt, Chloë Ashby nous plonge au coeur de la psyché d'une jeune femme souffrant d'un « mal au coeur perpétuel ». Amputée de ses racines, Eve n'a pas pu évoluer et se construire sereinement, elle ploie sous la solitude, un fort sentiment d'abandon et le manque de confiance en soi auxquels s'ajoute, encore, une terrible culpabilité. Trop de douleurs, trop de blessures jamais cicatrisées…

S'il peut sembler bien sombre, Peinture fraîche n'est pourtant pas lourd, triste ou plombant. Certes, Chloë Ashby évoque le deuil et l'abandon mais elle brosse avant tout, avec beaucoup d'humanité, le beau portrait d'une femme dans toute son imperfection et sa fragilité. Enfin, de petites touches d'humour et l'importante place accordée à l'Art participent à faire de Peinture fraîche un premier roman complet, intéressant et captivant.

Une très belle découverte.

A lire également sur le blog.
Lien : https://livrescapades.com/20..
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critiques presse (1)
LeFigaro
25 septembre 2023
Un beau premier roman anglais dans lequel il est question d’art, d’amitié et de deuil.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Si je suis honnête, oui, je reconnais que j’ai eu un comportement… quel était le mot que vous aviez employé ? Compulsif. Ç’avait l’air d’un vol, je sais, mais ce n’était qu’un emprunt. Le sexe – ce qui s’est passé avant –, ça d’accord, c’était de l’évasion. L’alcool… Oh,merde, pardon, vous avez un kleenex ? Je ne peux pas tout mettre sur le dos de mon père, mais l’alcool, oui.
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J’ai un sentiment de malaise – comme toujours quand je la quitte. Mon esprit achoppe sur ces yeux lourds, cette frange irrégulière. Bloquée derrière son bar. Ni souffrance ni tristesse, mais pas heureuse non plus. Elle se sent peut-être seule. Je cligne des yeux et tire la peau tendue sous mes tempes avec mon pouce et mon majeur. Si elle n’aime pas son boulot, j’espère qu’elle est épanouie dans sa famille. Qu’elle nourrit de plus grands rêves. Serait-elle à un tournant de sa vie qu’elle est incapable de négocier – son existence sur pause, son esprit engourdi, ses pieds englués ? Je pense à la petite roue qui tourne sur mon ordi.
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Un poids énorme et en même temps un vide. Ç’avait été pareil avec Grace. Tout à coup je n’étais plus qu’un être inachevé, réduit à des os fracturés. Un jeu incomplet de souvenirs partagés, de simples fragments.
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