Je remercie Nicolas de Babelio pour l'envoi (dans le cadre d'une "masse critique") de ce roman de la journaliste et autrice anglaise
Chloë Ashby, magnifiquement traduit par
Anouk Neuhoff.
Beaucoup aimé cette lecture pour plusieurs raisons :
- Londres et ses quartiers, Princes Court, Somerset House sur le Strand, South Kensington, la City, Kilburn, Waterloo Bridge, Finsbury Park,…
- l'écriture de
Chloë Ashby, douloureuse mais émaillée de petites touches de l'humour « pince sans rire » anglais que j'affectionne tant
- une « anti » héroïne pas trop gâtée par la vie extrêmement attachante
Abandonnée par sa mère à un père alcoolique, Ève est minée par un autre drame, survenu alors qu'elle était étudiante. Depuis elle se démène, enchaînant les petits boulots.
Épaulée par des colocataires sympas, un copain d'enfance en passe de devenir un amoureux, une nouvelle amie, Ève lutte contre un terrible sentiment de culpabilité. Des scènes banales du quotidien la renvoient sans crier gare à des épisodes (refoulés ?) de son passé, qui ravivent la blessure.
Le mercredi, elle se rend à la Courtauld Gallery pour son « rendez-vous » hebdomadaire avec Suzon, la serveuse de Un bar aux Folies Bergères (tableau peint par Manet en 1882), sorte de double, de « second self » dont elle se sent étrangement proche, bien qu'elle ne soit jamais parvenue à en décrypter les pensées.
- l'importance de l'art dans la vie de Ève, tantôt spectatrice et tantôt « modèle vivant », avec un questionnement intéressant sur le jeu de regards entre artiste et modèle, ce que « l'autre » accepte de nous montrer et ce que l'on en perçoit.
Bref, une autrice extrêmement talentueuse et un premier roman surprenant et émouvant, dégageant une profonde humanité.