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Critique de Bookycooky


Buenos Aires, Argentine,
Deux éboueurs , Demetrio et El Negro,
Demetrio vit seul, sa passion dévorante à ses heures de loisirs sont les puzzles de paysages,
Negro est marié avec enfants et a un second travail,
Or ces deux là à part le boulot partage autre chose, le premier le sait , l'autre non 😁!

Une première rencontre avec un auteur argentin dont ce premier livre a subjugué et hypnotisé Roberto Bolano grand nom de la littérature sud-américaine qui par ailleurs l'a préfacé. Reprenant les mots de Bolano , « Rien dans ses pages ne sonne faux : tout est réel, tout est illusoire, le rêve dans lequel évolue comme un somnambule l'éboueur de Buenos Aires Demetrio Rota est celui de la grande littérature que l'auteur scande à travers des scènes et des mots bien précis. »


On suit Demetrio tôt le matin au boulot avec son partenaire El Negro. Les deux déambulent à travers les rues alors que la ville dort encore, ne s'arrêtant que brièvement pour un petit déjeuner de café au lait et croissant. Ils vont tous les jours au même endroit, et tous les jours «Le bout d'homme », un vendeur de journaux à la retraite qui boit du vin rouge est assis à sa place habituelle. Ils leur arrivent aussi de ramasser un clochard et l'inviter à leur table.
Demetrio passe ses soirées seul, chaussé d'une paire de très vieilles bottes noires, s'évadant en s'acharnant sur des puzzles de 500 pièces qui le ramènent à travers leurs paysages de campagne idylliques à son enfance à Bariloche.

Neuman alterne avec brio, ces journées de travail à ramasser des déchets dans Buenos Aires, la grande ville qui respire la décadence avec ces puzzles aux paysages magnifiques chargés de poésie qui effacent la frontière entre présent et passé. Des pièces manquantes remontent les souvenirs de cette enfance à Bariloche, et particulièrement du dernier été que Demetrio adolescent passa avec la fille aux cheveux rouges sur les rives du lac Nahuel Huapi.
Ici les déchets non seulement remplissent une fonction narrative, mais révèlent aussi dans le cadre urbain du roman les interactions complexes entre le monde humain et non humain, où l'homme arrive même à se confondre avec le déchet. Parlant du clochard pour lequel Demetrio sent de la compassion, lui-même se demande , « le vieux mangeait dans les poubelles, jamais il n'avait été obligé d'en ramasser pour les mettre ailleurs. Comment serait-ce, de vivre au milieu des déchets, d'en être soi-même un ? », question clef du roman. Entre Bariloche et Buenos Aires, malgré son aigreur un déracinement raconté avec beaucoup de douceur.

Une histoire aux personnages loin de la perfection mais émouvants dans leur humanité , une prose délicate et poétique («S'échappant de la cheminée, immobile, une légère fumée salit l'exactitude du jour……. le feu était un oiseau de lumière qui battait des ailes sans réussir à s'envoler. »), qui même du ramassage des ordures, donnent de belles images délicates et légères,et une fin métaphorique surprenante. Un roman «  touché par la grâce » comme le qualifie Bolano, et quand on pense que Neuman avait à peine vingt ans quand il l'a écrit….
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