AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lishbks


Qu'est-ce qu'une relation de bon voisinage ?

Une belle journée souhaitée avec automatisme dans la cage d'escalier avec au coin des lèvres le timide dessin d'un sourire poli ? Les services rendus, les plantes arrosées, les enfants gardés, les dépannages de sucre ou café ?

Mais on ne se risquerait pas à demander de la moutarde, pas vrai ? On marche sur le fil. Il ne faudrait pas déclencher les hostilités. Après tout les voisins, on les croise tous les jours. On attend que leur dos fuyant ait tourné au coin de la rue pour s'autoriser à employer le petit surnom pas très malin, dont on est pas très fier non plus, mais dont on a pris l'habitude dans l'entre-soi de la famille. On apprend à baisser les paupières sur les petites manies étranges, à devenir sourd et amnésiques face aux éclats de voix de disputes qui ne nous regardent pas. Il ne faudrait pas empiéter sur leur intimité. Qu'arriverait-il s'ils empiétaient sur la nôtre, que diraient-ils s'ils connaissaient nos secrets ? Non, on ne se risquerait pas à croiser leur regard moralisateur. On préfère voir les commissures de leurs lèvres s'étirer machinalement, quand à leur tour ils nous souhaitent une bonne journée.

Pourtant, parfois, on a désespérément besoin d'une oreille attentive, d'un regard aiguisé, quelqu'un qui nous remarque, qui nous connaît et qui saurait, si ce n'est comprendre, du moins accepter d'être le témoin de nos fêlures, de nos erreurs, de la culpabilité qui nous ronge.

Alors que leurs certitudes vacillent, que le sol qui les a toujours porté semble se dérober sous leurs pieds, les trois narrateurs suffoquent sous le poids du silence. Tous trois vont se livrer, comme ils ne l'ont jamais fait auparavant. Mais pas à leur voisin, non, les secrets ne traversent pas les étages. Ils trouveront chacun le réceptacle adéquat. Celui dont la loyauté passée et l'éloignement présent permet la confession. Et tour à tour, l'auteur nous convoque, nous lecteur, à incarner cet autre dans cette pièce en trois actes.

Jugerons-nous? Comprendrons-nous ? Quelle importance puisque demain, en passant la porte familière, ils ne croiseront pas nos oeillades, ils n'auront pas à tenter d'interpréter nos gestes et nos silences. Chacun poursuivra son existence allégé du fardeau oppressant de ce qui ne pouvait pas être dit en pleine lumière.


Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}