" J'ai eu un principe toute ma vie : ne jamais donner de cocaïne ni aucune drogue dure à un informateur. Jamais. Jamais de drogue dure. J'ai toujours négocié avec du shit. Le shit est bien entendu un stupéfiant, mais il ne provoque pas d'overdose tandis que la cocaïne, on ne sait jamais ce que contient ce produit et il peut provoquer la mort."
Il ne faut pas oublier que les jeunes de banlieue ont une espérance d'ascension sociale quasiment proche de zéro et que le trafic de stupéfiants leur offre cette possibilité d'évolution qu'ils n'auraient jamais pu atteindre sinon.
La société doit faire ce constat : la drogue remplit une fonction d'ascenseur social qui n'est pas assurée par elle.
Et le fonctionnaire de police, avec son petit salaire, peut-il résister à tout cet argent qui lui passe sous les yeux ?
On peut se poser la question.
Ce sont des hommes irréductibles, qui ont fait du banditisme un choix de vie. Nous, policiers, notre but, c’est de les neutraliser le plus longtemps possible. Bien sûr, nous pouvions les prendre avant. Mais que serait-il arrivé ? Ils auraient été arrêtés pour utilisation d’un véhicule volé, port d’arme illégal, nous aurions pu établir un délit d’association de malfaiteurs. Nous aurions abouti à quoi ? Une condamnation à une peine de prison de quatre ou cinq ans. Avec les remises de peine traditionnelles, nous serions arrivés à une neutralisation de deux ans. Ce n’est pas notre but. Ce que nous voulons, c’est obtenir des peines significatives, des peines de quasi élimination sociale.
C'est comme une marée, ce métier. A chaque affaire, il reste un peu de sable qui forme des canaux, des couloirs, des voies de passage. Mais quand l'eau se retire, elle laisse aussi des regrets, des tristesses, des échecs. L'expérience se forge ainsi : dans ce va-et-vient permanent, dans ce ressac qui n'en finit pas. Certaines affaires laissent des traces profondes, d'autres disparaissent sitôt vécues. Tout est question de circonstances. Ces cicatrices, ces empreintes, ces strates se forment au fil de la vie, et elles fabriquent un destin. Le mien, je l'assume : il a toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, le blanc et le noir en plus... Et il forme ma vie.
La force du policier, c'est le temps. Nous avons le temps. Le voyou ne l'a pas.
Prendre les voyous dans des conditions où tous les éléments sont réunis pour qu'il n'y ait jamais une contestation possible, les serrer dans un filet dont ils ne pourront plus s'échapper.
La vraie récompense pour un policier, c'est le flagrant délit et la capture du délinquant les armes dans une main, le butin dans l'autre. Savoir que grâce à son action le criminel va être traduit devant la justice et qu'il est parti pour un long voyage : c'est là que le policier tient sa véritable vengeance.
On frappe à la porte de façon insistante. J'ouvre un œil, il est 6 heures du matin.
Mais ,au final,je me retrouverai seul devant les juges.Avec une réputation entachée,une carrière brisée,une vie bouleversée.
Ai-je été un pigeon?
La vraie école, c’est le terrain. Il faut vivre ces instants-là, passer à deux doigts de la mort pour en tirer des leçons.
Dans ce cas, la leçon c’est : dans une interpellation à chaud, il faut bien distinguer les rôles au préalable. En pleine action, en pleine montée d’adrénaline, un coup de feu est toujours une source de stress considérable. Il est impossible d’en identifier l’origine. On peut croire que c’est le voyou qui a tiré et cela peut entraîner des réactions en chaîne.