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Critique de Bazart



Pour notre dernière chronique Quais du Polar avant l'ouverture demain (on en fera encore quelques uns avec normalement quelques interviews d'auteurs invités), on oublie un peu les fictions pour vous parler d'un essai mais qui a forcément à avoir avec le polar puisqu'il est l'oeuvre d'un ancien flic, sans doute un des flics les plus connus du monde, surtout pour les lyonnais tant il a fait la une de tous les journaux au début des années 2010.
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Ce commissaire c'est bien entendu Michel Neyret dont la mise en examen ultra médiatisée l'a placé du côté des truands qu'il traquait, et lui collant à la peau une image de ripou sans foi ni loi.

Du jour au lendemain, Michel Neyret va être destitué, renvoyé de la police et condamné à deux ans de prison ferme pour "trafic d'influence et corruption".

Dans Flic, paru aux éditions Plon qu'il viendra présenter ce week end à Quais du Polar, il revient avec un peu du recul sur cette incroyable affaire et nous révèle sa version des faits..

Comme toujours avec ce genre de témoignage, on sait qu'on affaire qu'à une partie seulement de la vérité et que sans doute, il y a des faits et des évenements que Neyret passe sous silence, mais à la lecture de ce Flic on a envie de le croire tant le type parait humble et fait plutot profil bas. .

Michel Neyret, lors de sa convocation devant le conseil de discipline de la police, le 04/09/2012

Pendant plus de vingt ans, Neyret, enfant de mineur lorrain qui aura réussi du second coup son concours de commissaire, à la grande fierté de ses parents nous raconte comment il a traqué les voyous à Lyon, du braquague anodin à la prise d'otage, avec ce qu'il faut d' honneur et efficacité.

Il a même gagné le respect de truands qu'il a fait tomber car selon Neyret, ceux ci comprenaient et acceptaient les règles du jeu.

Connu pour son sérieux et ses nombreux succès, ce flic particulièrement charismatique fait alors figure d'exemple. Mais après une carrière exceptionnelle sur le terrain, Michel Neyret accepte le poste de directeur-adjoint interrégional de la police judiciaire de Lyon. Et là, les choses ont méchamment dérapé et les relations flics indics n'ont plus eu la même clareté qu'avant.,..et ses relations avec le grand banditisme lyonnais vont dès lors se teinter de trouble manifeste.

S'il reconnaît lui-même avoir fait des "conneries", l'ex-grand flic se donne le beau rôle et charge surtout la barque de Claude Guéant, alors ministre de l'Intérieur en 2011. Connaissant le bonhomme lui même qui a connu des problèmes avec la justice, on peut comprendre aisément l'amertume de Neyret .

Mais le plus interessant dans son livre et plus que l'affaire en elle même dont il dit finalement assez peu, c'est la description réaliste d'un sytème de démantélement des réseaux de voyous, avec l'informateur en pièce essentielle dont la protection est alors essentielle, comme on le voit souvent dans les films policiers..

Michel Neyret lors d'une comparution pour diffamation au tribunal de Lyon le 16 décembre.

Et le livre est aussi captivant par ce qu'il dit sur l'évolution des méthodes de travail comment le travail artisananal du début des années 80 a laissé sa place au développement et comment même le grand banditisme lié jadis à la prostitution, aux braquages de bijouteries et de banques et aux trafics de drogue a mué aussi avec la spéculation financière et la corruption plus lucrative.

A la lecture de ce Flic, on voit à quel point Neyret a flirté avec les limites et si pour lui, il estime ne pas avoir franchi la ligne rouge, il s'est quand même dangereusement approché des sirènes de l'interdit et du luxe en acceptant même des vacances financées par ses informateurs avec une passion pour les belles choses et l'argent qui l'aura forcément perdu.

Difficile de porter un jugement bien tranché sur la culpabilité de Neyret à la fin de notre lecture, mais on aura passé un bon moment devant ce témoignage lucide sur les dessous de la machine policière et les dérives qui l'ont conduit devant le tribunal.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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