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Critique de Bookinista


Le résumé de l'éditeur n'est pas faux mais il est bien réducteur.
Derrière l'histoire de ce chien qui découvre le vrai visage de l'homme depuis sa place stratégique sous une table du bar de son maître, nous suivons la prise de conscience de Mboudjak des rapports faux qui unissent les clients du bar, le couple de ses maîtres, les gens de la rue de ce quartier.
Après avoir plusieurs fois tenté l'aventure loin, auprès des chiens errants ou dans d'autres quartiers, Mboudjak revient toujours au bar de son maître, encore plus désabusé. Et il assiste aux différents épisodes (adultère, corruption, mensonges, méchanceté de gamins, arrestations...) qui émaillent la vie du quartier. Petit à petit, le ton change, la misère, le chômage poussent les gens à parler. Et le roman déroule la critique politique du gouvernement en place, les richesses qui s'évadent à l'étranger, l'exploitation des fonctionnaires non payés, la grève des taxis, les représailles contre qui ose protester... Et nous accompagnons alors Mboudjak le chien aux côtés de la rue qui gronde, et de l'homme qui enfin se réveille..

Un matin, un homme entre dans le bar et essaye de caresser le dos du chien, qui sursaute et rencontre le sourire de l'homme : un sourire qu'aucun homme ne lui avait jamais adressé. Cet homme vêtu de noir "devint un habitué du "Client-est-roi", mais ne parvient jamais à avoir la quotidienne routine jacassante, le regard identiquement insignifiant, ni encore moins l'écrasé par la vie de nombreux clients de mon maître."
Cet homme vêtu de noir et qui prend des notes, est un philosophe. Et un jour, lors d'un incident mêlant le commissaire et le vendeur de cigarettes, l'homme "noir-noir" ose prononcer les mots "mandat d'arrêt", "Etat de droit", "Justice", "Injustice", "Dictature", "Renouveau", et la phrase "Le Cameroun, c'est le Cameroun"...
Le chien ne comprend rien à ce jargon mais il sut "ce jour, qu'être taxé d'opposant était pire que crime". L'homme noir-noir et le vendeur de cigarettes sont embarqués sans qu'aucun client du bar ne dise un mot, seul le chien se jette sur le commissaire et lui mord la jambe, et reçoit une torgnole de son maître. "J'aboyai ma déception à tout le quartier (...) Je me rendis compte effrayé ce que vaut une amitié d'homme tissée dans la misère". (...) Et ce jour-là j'appris surtout que l'homme n'est pas le frère de l'homme".

Quelque temps après, Mboudjak se dit qu'il est resté trop longtemps parmi les hommes, et décide de repartir vagabonder. La fin de cette première partie du roman nous a fait quitter la bonhomie de la vie de la rue du sous-quartier de Madagascar... Fini le kiosque à beignets de la mère, fini le kiosque du vendeur de cigarettes, voici rumeurs, peurs, emprisonnements hâtifs, bagarres, désolation, misère...

Réfugié sous le kiosque à beignets abandonné, le chien ouvrait ses oreilles "aux rumeurs régicides de la rue." "Oui, je maintenais mon esprit ouvert sur la fièvre de changement qui soudain s'était emparée de Madagascar, qui avait emballé Yaoundé, qui avait entraîné tout le Cameroun dans son élan qui, paraît-il secouait toute l'Afrique."
Le chien alors assiste à la rue qui se met à bouger, à protester, à rugir :"haletant et écarquillant grand mes yeux, je voyais soudain dans la rue devant moi, renaître dans la rumeur famélique, dans la rumeur coléreuse de ce mortifié Madagascar : l'homme." "Voilà l'homme qui se remettait à marcher. Je m'arrachais à ma réclusion; je marchais avec lui : devant lui. Unis nous étions, l'homme et moi, dans la précipitation saccadée du langage nôtres : dans nos aboiements."
Lien : http://coquelicoquillages.bl..
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