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Critique de LoupAlunettes


« Rien n'est plus comme avant, et l'école n'est pas facile. Les difficultés s'amoncellent, difficultés dues à la nouvelle langue, mais aussi au fait que Bilia ne sait pas très bien lire et écrire. Chez lui, au Congo, il est allé à l'école quand il était petit, jusqu'à dix ans. Puis de moins en moins, seulement lorsqu'il en avait envie. Mais ici, pour jouer au ballon, il faut aller à l'école.

•Je ne dois tout de même pas écrire avec un ballon, se lamente Bilia. Chez nous, il suffit d'avoir de bons pieds. Lire et écrire c'est pour les intellos, pas pour les joueurs.

•Sans études tu ne vas nulle part, Bilia. Mets la même application dans les études que dans les entraînements et tu feras ton chemin, lui répète Riccardo. »

Bilia pensait avoir déjà parcouru un long chemin, grâce à ses efforts, grâce à Riccardo son « ange-gardien », celui qui l'a découvert à la prison pour mineur de Kitambo, au nord de Kinshasa.

Du haut de ses 15 ans il avait déjà fait un sacré parcours, mais il restait tant à faire encore, pour Bilia la nouvelle star du foot, Bilia le nouveau citoyen d'Europe, pour être meilleur.

« Arrêtez-le, arrêtez-le !Au voleur, au voleur ! »

Quelques mois auparavant, Bilia s'était retrouvé à courir dans la rue pour quelques bananes, volées, poussé par la faim.

« Dieu de mes ancêtres. Qu'est-ce que j'ai fait ? Que le ciel me foudroie ! » s'était il dit.

Une légende s'était construit par le bouche à oreille à l'ancienne caserne qui servait de prison, Bilia s'était retrouvé ici pour avoir chuté sur une peau de banane.

Une sacré déveine en effet. Et pourtant, il arrive aussi des choses formidables.

Contre toute attente, comme pour récompenser sa détermination à ne pas changer, ne pas céder à la violence comme Balu la brute de la cellule E, Bilia va être choisi pour un match de foot entre jeunes organisé dans la prison.

« - Chef, pourquoi on n'organiserait pas un match de foot entre nos petits, les meilleurs bien sûr, et les gamins du quartier ? » proposa Matata, le gardien responsable du secteur où se trouvent les gamins les moins dangereux et père de trois enfants du même âge que ses protégés. Les enfants avaient assurément besoin de se défouler, de jouer, de dépasser les murs. Les livres des assistantes sociales avaient remis le moral au beau fixe, le match de foot allait donner aux pieds et à l'esprit de Bilia des ailes.

Avec le concours des bénévoles « les Anges de la ville », une association aidant les enfants sans abris, les parents du quartier et Riccardo qui assiste au match, l'aventure de Bilia comme joueur de foot en Italie va commencer !

: le titre de Paul Bakolo Ngoï est infiniment bien choisi. « Rêve de Foot » est l'itinéraire d'un enfant du Congo qui joue de malchance au début comme le décrit très bien le récit, puis finalement se sauve grâce à un talent révélé. Ce talent, par le concours de nombreux efforts conjugués de personnalités pleine d'espoir pour ces enfants, des professionnels, des associations, des parents bienveillants, va le mener vers l'Italie.

Son père, désoeuvré par la vie de Kinshasa, fait ce qu'il doit faire pour que Bilia est un avenir, quitte à se séparer de son enfant. Sa réussite va faire vivre, survivre les siens à distance. Les rues de Kinshasa ne sont plus un lieu d'asile sûr et suffisant pour grandir sans connaître le vol ni la faim.

L'auteur raconte très bien tous les efforts faits et à faire pour que Bilia puisse construire solidement son avenir. Les dialogues entre Bilia et Riccardo son entraîneur, devenu depuis sa référence paternel par procuration, sont amusantes, le jeune homme, tout ados qu'il est, ne se concentrant que sur les joies du ballon et se désespérant du froid, des difficultés de la langue, des études d'un niveau cinquième qu'il doit rattraper à 15 ans.

Et pourtant, Bilia sait ce qu'il ne veut pas être, cette idée l'anime en permanence et le maintient tout du long.

Déraciné, il n'oublie jamais, les pieds sur le gazon italien, le coeur au Congo.

Riccardo lui enseigne le travail pour la fierté, la dignité de sa famille, un poids au début un peu lourd pour le jeune adolescent, une fierté et une dignité qu'il fait finalement sien à force d'étapes franchies.

Son aventure s'avère constructive en tout point, Bilia apprend à se nourrir correctement avec l'école, se fait des amis aux origines différentes des siennes mas qui partagent les mêmes passions du foot, Paolo en tête, qui le fera entrer dans sa famille.

Bilia n'oublie pas ses amis de la prison, de Kinshasa et va de l'avant avec courage, il est nourri de la générosité de sa nouvelle terre d'accueil.

« Rêve de Foot » est un petit bijou de roman pour les jeunes riche d'enseignement, une belle fiction inspiré de l'expérience de l'auteur sur l'Afrique et réédité heureusement. Cela nous rappelle que tout est possible à force de foi, de rêves, de passions et de belles rencontres.

« Pour to.us les enfants des rues de Kinshasa, les Faseurs, et en particulier pour tous les enfants de Ndjili. L'espoir d'un lendemain meilleur ne doit jamais mourir en vous.

Paul Bakolo Ngoï. »
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