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Critique de Bouteyalamer


Mythe fondateur de l'empire mandingue, l'épopée de Soundjata a été transmise oralement par les griots depuis le XIIIe siècle. Il s'agit ici d'une transcription de Djibril Tamsir Niane, historien guinéen, à l'écoute de plusieurs griots contemporains, en particulier Mamadou Kouyaté. Les Kouyaté sont l'une des plus anciennes dynasties de griots et se revendiquent les descendants de Balla Fasséké Kouyaté, le propre griot de Soundjata.

Un devin étranger et gaucher annonce à Maghan Kon Fatta, roi du Manding, qu'il donnera naissance « à celui qui rendra le nom du Manding immortel à jamais ». Mais pour cela il devra épouser Sogolon : « Ô cette femme ! Elle est laide, elle est affreuse, elle porte sur le dos une bosse qui la déforme, ses yeux exorbités semblent posés sur son visage ». Arrivent deux chasseurs inconnus. Ils amènent une jeune fille « digne d'être la femme d'un roi », Sogolon, laide et bossue, une femme-buffle qui a tué 107 chasseurs, qu'ils ont pu vaincre par leur grandeur d'âme. le roi hésite, mais désirant que la prophétie s'accomplisse, il épouse Sogolon. Sept jours se passent « avant qu'il puisse accomplir son devoir d'époux » et il se résout à la sacrifier : « D'une main de fer, il saisit Sogolon par les cheveux, mais la peur avait été si forte que la jeune fille s'était évanouie. Elle s'était évanouie, figée dans son corps humain. Son double n'était plus en elle et quand elle se réveilla, elle était déjà femme. Cette nuit-là, Sogolon conçut ». Hélas, son enfant Mari-Djata, futur Soundjata, reste incapable de marcher jusqu'à l'âge de dix ans et la première épouse du roi se moque cruellement de Sogolon. Alors Balla Fasséké, le griot, interpelle l'enfant : « Lève-toi, jeune lion, rugis et que la brousse sache qu'elle a désormais un maître ». L'enfant réclame aux forgerons une énorme barre de fer : « Tout le monde regardait Mari-Djata. Il rampa à quatre pattes et s'approcha de la barre de fer. Prenant appui sur ses genoux et sur une main, de l'autre il souleva sans effort la barre de fer et la dressa verticalement […]. D'un coup sec, il s'arcbouta et ses genoux se détachèrent de terre. […]. Dans un grand effort, il se détendit et d'un coup il fut sur ses deux jambes, mais la grande barre de fer était tordue et avait pris la forme d'un arc ».

Dès lors Mari-Djata devient Soundjata, le héros attendu. Il soumet les royaumes voisins et mène au combat une vaste armée pour abattre Soumahoro, l'ennemi superlatif, le génie du mal : « Soumaoro était le roi des rois, c'était le roi le plus puissant des pays du soleil couchant. Sosso, sa ville forte, était le rempart des fétiches contre la parole d'Allah ; pendant longtemps, Soumaoro défia le monde entier. Depuis son accession au trône de Sosso, il avait défait neuf rois dont les têtes lui servaient de fétiches dans sa chambre macabre ; leur peau lui servait de siège ; Il se tailla des chaussures dans la peau humaine ». Soumaoro vaincu, Soundjata offre un gigantesque festin et devient l'empereur mandingue.

Le mythe est singulier : le devin gaucher, la femme laide offerte par des étrangers, l'impossible consommation du mariage, l'évanouissement de la femme-buffle, son enfant débile, l'intervention magique du griot, etc. La magie est omniprésente mais la religion est absente, à la différence du mythe de Gilgames, de l'Iliade, de l'Enéide ou des mythes arthuriens. le héros reçoit plusieurs noms à mesure de sa progression : Mari-Djata, le fils de Sogolon, le Dogolon-Djata, le fils du buffle, puis Soundjata, l'Homme aux deux noms, et ces dénominations font référence à sa mère plutôt qu'à son père.

Il est impossible de se prononcer sur la qualité de la forme, célébrée dans les autres épopées, puisque celle-ci est non écrite et confiée à des générations de griots. Sa transcription est parfois fautive comme dans la mention du « pays de Do, le pays aux dix mille fusils », alors que Soundjata vivait au XIIIe siècle.
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