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Critique de GraziellaN


Voici la recension parue sur le blog littéraire de la Fédération Wallonie-Bruxelles:
Le titre Requiem à deux voix convient parfaitement à ce roman car il s'agit d'un hommage aux parents
décédés de l'autrice. Rebecca Nicais a en effet pris le parti d'imaginer la parole de son père puis de sa
mère pour raconter l'histoire de leur jeunesse et de leur vie de couple à travers le point de vue de chacun.
Nous découvrons ainsi dans un premier temps l'histoire de Benoît, un doux rêveur passionné de dessins,
de peinture et d'art, qui voulait devenir journaliste et travailler à la radio, mais qui est devenu ingénieur
agronome sous l'injonction de sa tante. Nous lisons ses premières amours, la Deuxième Guerre mondiale
et un premier mariage raté car trop rapide avec une femme démente. C'est à ce moment qu'il rencontre sa
deuxième femme, Rosalia (la mère de l'autrice), avec qui il aura cinq enfants et une vie commune
ponctuée de nombreux déménagements et soucis financiers.
[C'] était une fonceuse, une femme de tête, habituée à se colleter avec la vie. Elle aussi m'aimait, mais ne
se contenterait pas d'être ma maîtresse, elle voulait m'épouser et fonder une famille nombreuse (six
enfants !). Pragmatique, elle s'était déjà renseignée. Je devais divorcer d'urgence avant que la démence
de Jeanne ne soit avérée. Quitte à prendre tous les torts... grâce à un constat d'adultère par exemple.
À l'entendre, rien n'était compliqué, elle détricotait les fils d'angoisse qui m'enserraient. Elle se montrait
forte, audacieuse. Elle avait sauvé son petit frère des nazis, elle me tendait la main m'évitant la
désespérance.
Dans un second temps, nous sommes amenés à lire la vie de Rosalia détaillée dans un « Carnet de petits
bonheurs », l'équivalent d'un journal intime. Son histoire est tout autre car marquée très tôt par le décès
de sa mère, le traumatisme de l'holocauste avec son lot de cachettes pour ne pas être gazée, puis son
mariage avec Benoît et son bonheur à la naissance de chacun de ses enfants et petits-enfants.
Entre les mémoires de son père et le journal de sa mère, Rebecca Nicais explique sa volonté d'exposer la
« version des faits » de ses parents qui ont vécu dans un règlement de comptes permanent. de fait, ces
deux-là ont été attirés l'un par l'autre car ils étaient opposés, mais ils n'ont pas pu éviter les pièges
classiques de deux névroses qui se complètent. Telles deux assiettes ébréchées dépendant de leur moitié,
ils ont vécu emprisonnés dans leurs failles psychiques et se sont éloignés l'un de l'autre pour finir leur vie
amers et déçus.
Serait-ce pour mieux comprendre ses parents ou les rapprocher à travers la douceur du voile de la fiction
que l'autrice raconte l'histoire de deux êtres enfermés dans leurs frustrations ? Ils ne se sont pas donné la
possibilité de rencontrer le mystère de l'autre, un écueil si classique, qui laisse songeur. On regrettera
toutefois un écho quelque peu systématique des deux points de vue, qui donnent l'impression au lecteur
de lire deux fois la même histoire de couple, sans zone d'ombre ou quête de ce qui anime inconsciemment
une union de personnalités singulières peu compatibles « Aussi étrange que cela puisse paraître, je ne
parvenais pas à l'abandonner, à mettre fin à notre relation, à me lancer dans l'inconnu, à m'assumer. De
son côté, elle ne supportait ni ma présence ni mes absences.
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