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Critique de Audrey3511


« Mise en forme » de l'autrice Mikella Nicol est un ouvrage qui me sort totalement de ma zone de confort et pourtant, j'étais particulièrement emballée à l'idée de découvrir ce titre.
Le fitness, même si je ne le pratique pas, cela me parle. le fait de vouloir modeler son corps, aussi.

« Deux choses restent à moi : la chambre et le corps. C'est dans l'une que je sculpte l'autre. »

Suite à une rupture amoureuse, Mikella Nicol se jette à corps perdu dans la pratique du sport, le fitness. À travers des vidéos YouTube, celle-ci entraîne et raffermit son corps sans jamais sortir de sa chambre, son cocon blanc, avec l'aide de ses instructrices du net. Hélas, cela n'empêchera pas notre jeune femme d'être au plus mal, et le verdict finira par tomber : dépression. Alors finalement, le fitness ne suffit pas à se sentir mieux?
C'est à travers un bout de sa propre histoire - mais pas seulement - que la narratrice apportera des réflexions intéressantes sur le fait d'être et de disparaître, l'insécurité, la beauté, le regard des autres, mais aussi les féminicides - entre autres choses.

Essai/récit autobiographique qui se veut féministe, tout en apportant des réponses mais également beaucoup de questions, « Mise en forme » m'a été à la fois un plaisir et un défi à lire.
Plaisir, car j'avais l'impression "d'écouter" une copine qui me partage ses réflexions, c'est simple et facile à lire, argumenté et enrichi de citations de connaisseurs du sujet.
Défi, car comme je le disais plus haut cela me sort totalement de mes habitudes (je suis plutôt une lectrice de l'imaginaire) mais surtout, car j'ai trouvé parfois, si ce n'est souvent, le récit brouillon... Comme si la narratrice avait beaucoup à nous dire, mais ne savait peut-être pas comment nous le partager ou bien, tout était un peu désorganisé. On passait du fitness, à sa vie perso, aux meurtres de femmes. J'avoue ne pas avoir trop compris le rapport de ces derniers avec le sport, mais après lecture du résumé sur Babelio où il est indiqué, je cite « D'une intuition fulgurante, son propos ausculte les industries de la mise en forme et du fait divers dans ce qu'elles ont de mortifère : l'empêchement des femmes d'apparaître et de circuler comme elles l'entendent dans l'espace public.»
Est-ce alors une façon de nous prouver que non, le fitness ne nous rends pas plus fortes, c'est illusoire, car nous vivons dans l'insécurité de la rue dès que nous sortons du confort de notre chambre ? Et donc, nous n'avons pas le total contrôle de notre mise en forme, finalement ? Que de questions ! Mais comme je le disais, Mikella Nicol nous apporte ici d'intéressantes réflexions, à mon sens, malgré ce côté ''fouillis''.
[À noter : c'est selon moi, aussi, un hommage à toutes ces femmes décédées. Pour ne pas les oublier.]

J'insiste sur le fait qu'il ne s'agit ici, comme d'habitude, d'un avis totalement personnel lié à mon ressenti de lecture. Je pense que je m'attendais davantage à un essai entièrement sur le fitness façon ''documentaire'' avec la vie de l'autrice comme introduction seulement, et non raconté ici et là tout du long. Même si je n'ai pas réussi à comprendre dans son entièreté où voulait en venir la narratrice (je suis passée à côté de certains chapitres), je reste malgré tout ravie d'avoir découvert ce bouquin, qui me donne sincèrement envie de lire d'autres titres de ce genre. Aussi, je tiens à souligner la qualité de l'ouvrage, avec des pages très légèrement épaisses mais pas que : j'adore particulièrement la couverture avec cette petite ''jaquette'' rose par dessus. C'est très jolie.

Pour finir, voici quelques passages et citations que j'ai appréciés (j'ai pour la première fois utilisé des post-its pour marquer mon livre, c'est génial, pourquoi n'ai-je pas tenté cela avant?!) :

« Parfois, je suis fatiguée de m'entretenir comme une plante, de couper ce qui dépasse pour que quelque chose de plus beau repousse. Parfois, je considère que l'entraînement n'aboutit à rien d'autre qu'à ma propre perte. » (page 62)

« Ma chambre a toujours protégé mes secrets. Elle a changé de ville, de rue, de configuration, mais elle est restée la même ; elle me suit pour me contenir. Dans ma chambre, en me façonnant méticuleusement - non sans brutalité -, je me prépare au regard des autres, qui est à l'origine de tout. Je crois même avoir laissé leur regard s'immiscer dans ma chambre. Est-ce encore vraiment la mienne ? » (page 84)

« le discours du fitness, qui promet santé et accomplissement personnel, présente cet entraînement comme une préparation aux difficultés de la vie. Or il ne prépare à rien, puisqu'il nous maintient dans un état d'insatisfaction à propos de notre apparence. » (page 106)
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