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Critique de Aetherys


L'emballement technologique dans son aspect le plus extrême, voilà ce que tend à nous montrer Blame. Les mégastructures, cités dont on ne connaît même pas les proportions et où commence le haut et le bas, ont grandi telles des tumeurs d'acier, au point qu'il n'est désormais plus possible de savoir si il existe un début et une fin à ce monde. Killy, inspecteur du bureau gouvernemental, cherche pourtant une possible solution à cette mutation anarchique qui semble s'être emparé de ces citadelles grinçantes et sinistres : le terminal génétique qui se trouverait à la surface et un porteur de gène sain.

En effet, un véritable virus s'est emparé de l'humanité, la cloisonnant à la fois dans une existence robotisée, où le corps n'est plus qu'un vaisseau de transport, et dans ces structures lugubres. Les divers personnages que rencontreront Kelly présentent souvent des corps presque difformes, à l'aspect filiformes et aux extensions multiples, au point qu'ils ne ressemblent à rien d'humain.

La notion de temps n'existe pas dans Blame, ou si elle existe, elle est en tout cas dilatée sur des durées effroyablement longue, au point que rien ne nous laisse savoir quand nous sommes et même OU nous sommes. Perdus dans les entrailles biomécaniques d'un monde dont on ne sait si il est à l'agonie ou déjà mort, nous assistons avec une profonde incompréhension à des affrontements explosifs où des pans entiers d'armature s'effondrent face à la puissance démesurée de nos protagonistes.

En effet, cette incompréhension subsiste jusqu'à la fin de notre lecture, étant non guidé par l'auteur dès le début. Nihei use avec technicité de chaque millimètre de ses cases pour nous inciter à observer chaque détails méticuleusement posés dans le décor, ce qui, si nous sommes d'ordinaire habitué à dévorer les tomes, ne pourra que nous porter préjudice. L'aspect profondément cryptique de Blame ne réside pas dans une foule de messages cachés au détour des pages, mais bien dans une volonté d'effectuer une lecture plus qu'assidue et à amener une réflexion sur chaque détails posés ça et là.

Cet immense jeu de piste nous oblige effectivement à dépasser le stade d'une lecture passive, mais c'est aussi cela qui fait du travail de Nihei un objet culturel fascinant et déroutant.

Mon incursion dans cette vallée de l'étrange où l'organique côtoie le mécanique restera sûrement l'une des plus troublante lecture que j'ai pu avoir depuis un moment, et en nécessitera sûrement une deuxième pour en saisir toutes les clés.

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