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Critique de ElizabethBennet


Les relations familiales toxiques, en particulier entre mère et fille, semblent depuis plusieurs années avoir le vent en poupe en littérature, au moins depuis la publication du célèbre roman de Delphine de Vigan, Rien ne s'oppose à la nuit. Avec un thème aussi récurrent ces derniers temps, on pourrait penser que tout a été dit sur le sujet.

Et pourtant, Valérie Nimal, qui signe ici son premier roman, parvient à renouveler ce qui est déjà devenu un topos littéraire. Elle nous propose avec Nous ne sommes pas de mauvaises filles un roman juste et percutant, qui renvoie le lecteur (et surtout la lectrice) à sa propre histoire familiale.

le roman se divise en trois parties, construites comme un crescendo aussi bien dans l'émotion que dans l'imaginaire : la première, consacrée au séjour de la mère à l'hôpital, est ancrée dans la réalité, celle d'une chambre froide et inhumaine où l'héroïne attend nerveusement de savoir de quel côté sa mère, entre la vie et la mort, va basculer ; la deuxième est constituée des souvenirs d'enfance révélés en ordre chronologique, année après année, succession d'anecdotes et d'instantanés qui construisent en creux le portrait d'une mère instable, violente, parfois cruelle envers ses filles, et en tout cas franchement égoïste ; la troisième, enfin, fait revenir Maud dans la maison maternelle, qu'elle va méthodiquement vider, pièce après pièce, triant, jetant, explorant même des recoins de la demeure qu'elle ne connaissait pas. Cette exploration concrète s'accompagne d'une exploration intérieure, avec un basculement progressif dans l'imaginaire et la folie, admirablement transcrit, dans un vertige des mots d'une grande puissance poétique.

C'est là toute la force de cet ouvrage : son style, captivant dès les premières lignes par sa force évocatrice et ses images surprenantes. La plume de Valérie Nimal est sensible et juste, et retranscrit à merveille l'ambiguïté d'une relation fondée tout autant sur l'amour que sur la haine, une relation mortifère, destructrice, qui laisse à vif toutes les plaies d'une enfance douloureuse.

Seul regret peut-être : le roman est extrêmement court (170 pages à peine), et peut sembler un peu inabouti. La fin, très ouverte, conclut le livre dans une atmosphère onirique et déroutante, et l'on aurait aimé que l'auteur creuse un peu plus les enjeux de son texte, pour lui donner davantage de puissance encore. de même, la soeur, Marie, ou leur père, sont réduits à n'être que des présences fantomatiques, d'éternels absents dont on aurait aimé qu'ils jouent un rôle plus poussé dans l'intrigue.

Nous ne sommes pas de mauvaises filles est donc un premier roman convaincant, à l'écriture originale, vive et efficace. Une belle découverte, en somme.

Ouvrage reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Merci aux éditions Anne Carrière ainsi qu'à Babelio.
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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