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Critique de madamelafee


Bien sûr je connais Roger Nimier avec le "hussard bleu" et "les enfants terribles". Ce sont des livres que j'ai dans ma bibliothèque familiale, livres hérités des grands parents. Je suis tombée par hasard sur le livre de sa fille Marie "la reine du silence" en flânant chez un libraire il y a quelques années. Je l'ai gardé longtemps dans ma bibliothèque jusqu'à aujourd'hui. Pourquoi ? je ne sais pas ? ou plutôt si... que peut bien dire la reine du silence ? comment à la fois parler et ne pas parler ?
Marie parle avec des mots sur le papier. Elle réalise là une catharsis de ses émotions et de ses souffrances. Ce livre m'a beaucoup émue, ses paroles m'ont touchée en plein coeur.
Ce père pour lequel elle ressent crainte et admiration est toujours absent. Elle a peu de souvenirs et pourtant elle a besoin de se souvenir. Elle glane auprès des amis de son père et auprès de sa famille des informations pour comprendre et mieux vivre tout simplement. Il y a nulle trace de belles couleurs auprès de ce père. Certains passages sont à la fois touchants et glaçants. Celui de la dînette par exemple, elle lui amène étant une toute petite fille un oeuf sur le plat en plastique et plutôt que de jouer à des jeux d'enfants il s'en sert comme cendrier et l'oeuf en plastique finit à la poubelle. Marie garde une mémoire vive de tout cela parce que ce qu'elle raconte constitue son présent.
Marie a des cauchemars, pourquoi en parle-t-elle à son frère ? pour s'en délivrer comme une faute ou bien parce qu'ils contribuent à son identité complexe et incertaine ? de son père elle dira "j'ai traîné la mort comme un vieux manteau de lapin rapiécé, un doudou crasseux", ses fragilités suscitées par la mort sont exprimées ici. Marie excuse aussi ce père qui se laisse entraîner par les mots, les mots dépassent sa pensée (notamment lors de sa naissance) où il écrivait à un ami que Nadine, sa femme avait eu une fille et qu'il allait la noyer dans la seine pour plus en entendre parler.
Personne ne peut aider Marie car chacun a sa propre histoire à vivre. Marie me fait penser à la petite Gerda dans la reine des neiges d'Andersen lorsque la barque l'entraîne sur l'eau plus vite qu'elle ne voudrait et elle arrive dans une maison dans laquelle elle peut manger tout ce qu'elle désire, elle peut rassasier ses besoins vitaux mais elle s'aperçoit que sa vie n'est pas complète et ne peut s'en contenter, il faut qu'elle grandisse, elle doit quitter l'enfance. A travers ce périple Marie aborde avec une écriture délicate une multitude de thèmes comme le mal être que les enfants peuvent ressentir après un décès, le rejet d'un des parents, l'indifférence, la découverte de soi, de son corps, le passage de l'enfance à l'âge adulte avec tous les changements que cela implique.
Pour se construire Marie nous fait passer par un grand nombre de chemins pour un voyage à travers ses émotions retrouvées. Marie utilise aussi des jeux de miroirs pour retrouver la figure du père qu'elle veut aimer. Ses mots sont pleins de douceur, de sincérité et de bonté.
Marie disait lors d'une interview qu'elle avait fait un gros travail de rapprochement avec son père avec ce roman, elle a recomposé l'image fantôme de ce père qu'elle a besoin d'aimer pour aller mieux.
J'espère de tout coeur qu'elle va mieux à présent.
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