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Critique de le_Bison


Mark Paulos, alias Pauley, héros malgré lui d'une Amérique noire où l'espoir se dilue dans la mousse épaisse et sombre d'une bonne pinte de bière. Gamin, il a subi pendant des années les raclées de Pauley Senior, à coup de ceinture, un morceau de cuir utilisé pour aiguiser son rasoir. Un rituel.

Des années plus tard, je retrouve Pauley au détour d'une rue de San Francisco. La ville s'éveille, la brume se disperse, pas les souvenirs. Sur le mur, quelques graffitis en noir, du genre
"Ne Vous Droguez Pas SEULS
Appelez Un Ami
24 heures sur 24".

San Francisco la ville du new-age.

D'ailleurs, il semble s'en être bien sorti le petit Pauley dans la vie. Il est à son compte, artisan, menuisier, vendeur. Il fait tout de lui même jusqu'à la livraison. Peut-être même as-tu une de ses oeuvres, genre à la cave, ou genre tu l'as pratiqué dans un endroit bien particulier de tes soirées... chut, je ne vais pas te dénoncer si tu tiens à ton intimité si tu n'assumes pas tes déviances. Pauley conçoit des "machines" (pour particulier) à des fins érotiques, certaines avec des pinces crocodiles reliées à une batterie que tu fixes sur tes tétons... Oui, je vois que tu connais bien. Sacré Pauley, il s'en est sorti le gamin, même après avoir vu senior s'électrocuter dans la salle de bain de son appartement minable. Là, il vient d'acheter, d'occasion, une vieille fourgonnette, en état de rouler d'après l'arnaqueur - oups le vendeur. Il te livre quand tu veux son dernier modèle de "torture" avec poids et poulies.

Avec un parfum entêtant d'after-shave, je mets un pied dans la plume de Jim Nisbet, dans le Tenderloin de San Francisco, dans la vie d'un loser qui a toujours vécu dans la violence, violence d'un père, violence d'une vie, violence d'un monde. Mais dans cette violence, il y a une telle poésie, une écriture magnifique qui me fait dire pourquoi a-t-il fallu attendre la mort toute récente de l'auteur pour le découvrir. J'en veux encore, de cette bière lourde et épaisse, de cette ambiance sombre et humaine, de ces maux en mots vertigineux. Un polar hypnotique, un polar poétique.
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