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Critique de Tachan


Ayako Noda est une mangaka que j'avais découvert il y a 4 ans lors de la parution de son tout premier titre : le monde selon Uchu, chez Casterman à l'époque. J'avais beaucoup aimé l'originalité de ce dernier que ce soit dans la narration, le dessin ou l'histoire et je m'étais dit que je suivrais l'autrice. Malheureusement, ce ne fut pas le cas de nos éditeurs français qui ont mis longtemps avant de ressortir un de ses titres alors qu'elle en a publié un certain nombre depuis au Japon. Heureusement, on peut compter sur le Lézard noir pour sortir de ses tiroirs de jolies pépites !

La voici donc de retour avec Incandescence, un seinen en 3 tomes terminé au Japon et qui est paru entre 2015 et 2017 là-bas. J'y ai retrouvé le goût de l'autrice pour ces adolescents et jeunes adultes un peu à la dérive, et surtout j'ai pris plaisir à revoir ses superbes compositions graphiques qui ont très joliment évoluées.

Dans Incandescence,  Ayako Noda met en scène la petite vie banale de Ruri, une étudiante qui vient d'un lycée pour filles, et qui travaille dans une supérette pour payer ses études. N'ayant jamais été trop en contact avec des hommes, elle a du mal avec eux, mais elle devient très vite intriguée par un homme austère qui vient chaque jour acheter deux paquets de cigarettes. Lorsqu'elle se décide enfin à lui parler, elle découvre qu'il est un yakuza, et qu'il est plus "fougueux" qu'il n'y paraît...

Sur une base somme toute classique, parce que les histoires d'étudiants qui bosse dans les supérettes et celles des yakuzas qui fascinent, on connait, l'autrice parvient à décrire le moment très particulier où l'adolescence est remplacée par l'âge adulte et où on a du mal à se trouver. L'héroïne, Ruri, correspond parfaitement à ce profil. Elle a longtemps été dans un milieu protégé et elle découvre désormais la vie. Elle oscille donc entre peur et fascination sans parvenir à trouver le juste milieu. Elle est d'une grande naïveté, même ses amis s'en rendent compte, mais étrangement on la laisse faire ses découvertes. Il faut bien grandir.

L'ambiance est très étrange, très japonaise si je puis dire. Tout est assez tranquille, nonchalant, dans la retenue. On ne dit rien, on suggère. L'héroïne regarde sa vie se dérouler devant elle sans trop intervenir. Elle est spectatrice. Jusqu'à sa rencontre avec Nosegawa, le mafieux. Celui-ci bouscule son univers, y apporte une dose brutale de réalité mais pas une réalité "normale", une réalité dangereuse et atypique du fait de qui il est. L'autrice amène tout ça avec beaucoup de facilité, comme si c'était naturel que cela se déroule ainsi. Comme si c'était naturel pour une toute jeune fille d'être à ce point fascinée envers et contre tout par un homme qui pourrait être son père et qui vit dans un milieu trouble.

Pour ma part, ça m'a mis assez mal à l'aise à plusieurs reprise. Je comprends sur le papier la fascination de Ruri, mais je ne la partage pas. Elle est cependant très bien mise en scène ici grâce à une narration graphique impeccable faite d'échange de regards, de jeux de cadrages, d'effets de zoom et de narration muette assez fascinante. du coup, même si c'est une relation étrange qui se noue sous nos yeux, voire même sordide lors de certaines scènes, on ressent beaucoup de tendresse pour eux également. C'est la force du trait d'Ayaka Soda.

A l'image de sa couverture, à la fois douce, poétique et étrange, la lecture d'Incandescence ne m'a pas laissée indifférente. Moralement, j'ai du mal à approuver la relation que je vois naître sous mes yeux, même si rien de véritablement choquant n'est montré et que ça reste très soft. Mais l'ambiance qui se dégage du titre, la façon que l'autrice à de parler de cette période charnière de la vie et surtout son langage graphique m'ont eux beaucoup plu. Je serai donc au rendez-vous pour la suite, pour voir ce qu'il en retourne.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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