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Critique de Matatoune


Le bureau des éclaircissements des destins de Gaëlle Nohant est une parfaite réussite ! Un vrai coup de coeur ! Comme une enquête à l'envers, l'écrivaine donne dignité à ceux qui, à Tréblinka, à Ravensbruck, au camp de Mitteverda ou ailleurs dans les camps ont subi les exactions de l'Allemagne nazie.

Le centre des recherches des victimes, géré par La Croix rouge française, se situe à Bad Arosen au coeur d'un bourg allemand où le prince était un nazi notoire. Devenu l'ITS (International Tracing Service), des archivistes s'activent pour retrouver le fil du passé de victimes des persécutions nazies selon la politique de leurs différents directeurs successifs.

Archiviste au centre depuis un certain temps, Irène doit relever un nouveau défi : restituer certains des objets à leurs propriétaires, ou leurs descendants. le centre en a hérité à la libération des camps de concentration.

Un pierrot en tissu usé, une mèche de cheveux, posé au coeur d'un médaillon, un mouchoir brodé… Autant d'objets, témoins de l'enfer que leurs propriétaires ont vécu. Il faut les écouter pour saisir les quelques signes permettant de reconstituer leurs histoires et si possible les transmettre à leurs descendants.

Ce travail, Irène sait qu'elle ne peut s'en détacher dès qu'elle quitte le centre. D'ailleurs son fils qu'elle a élevé seule en sait quelque chose. Alors, lorsqu'il s'agit de redonner une identité, plus rien n'existe ! Elsie Weber, gardienne à Ravensbruck, est le point de départ que choisit Gaëlle Nohant pour immerger dans l'horreur des assassins nazis.
Ce que nous révèle ce roman…

Dès les premières lignes, Gaëlle Nohant plonge son personnage principal au coeur des recherches où les archivistes sont hantés par un prénom sorti du passé, un regard sur une photo…

Son talent d'écrivaine imagine, orchestre les recherches et crée la mise en relief nécessaire pour redonner vie et réalité à tous les détails pour qu'enfin une silhouette puis une personnalité se dessinent de façon de plus en plus précise. Et du coup, le lecteur est happé par ces investigations avec rebondissements et fausses pistes.

Combien de Wita Girscsack ? de Lazar Engelmann ? Combien d'autres encore ? Les recherches d'Irène l'amènent à relever d'autres violences, comme celles du programme de « germanisation » de l'Allemagne nazie, les expérimentations médicales, et tant d'autres. On songe aux enfants ukrainiens kidnappés. Six mille, à ce jour ! L'Allemagne nazie, deux cent mille ! Ces ombres deviennent nos frères aux coeurs ravagés !

Mais lorsque la narration donne vie à la réalité, la littérature devient mémoire indispensable. Ici, l'horreur est lisible, tangible : les résistantes de Lublin. La visite de Treblinka. Les victimes des chirurgies invalidantes nazies. le jeu trouble De La Croix rouge d'après-guerre. Rien n'est évité. Mais, les mots se font pudiques et respectueux de la souffrance vécue.

Le bureau des éclaircissements des destins colore d'humanité l'horreur. La solidarité, le courage et l'espoir y sont omniprésents dans les actes racontés. Gaëlle Nohant fait triompher la générosité, la force de vie et l'altruisme sur ces horreurs.

Gaëlle Nohant nous offre ce délicat message, formidable d'espoir, avec le Bureau des éclaircissements des destins. Quels que soient les différents visages du mal, la valeur à opposer est notre humanité ! Qu'elle passe par le soutien d'un enfant, la restitution d'un jouet, le partage d'une pomme, l'enfouissement d'archives, tous ces gestes petits et grands nous protègent !

Pas forcément besoin de redire que j'ai aimé ce roman. Je souhaite seulement avoir donné envie de le découvrir car, dans les temps troublés que nous traversons, au-delà des faits historiques que nous ne devons pas oublier, il nous montre la croyance qu'il nous faut toujours garder.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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