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Critique de cecilestmartin



Un roman qu'on lit la gorge serrée, chaque page amenant son lot d'émotions. Irène, une française, travaille depuis plus de 20 ans à l'International Tracing Service en Allemagne. Ce centre, créé après-guerre, a notamment pour vocation de retrouver les victimes du nazisme, de retracer leur parcours, de reconstruire leur histoire souvent à la demande des familles ou de leurs descendants.
Tâche infinie, travail minutieux d'enquête, quête de menues pièces d'un puzzle horrifique. Irène suit plusieurs pistes à partir d'objets qui recèlent quelques indices de leur propriétaire, reliques qui pourraient être rendues aux descendants pour les aider à faire leur travail de deuil et de mémoire. Un pierrot en tissu, un médaillon volé à une détenue accompagné de la lettre d'une gardienne de camp hanté par la culpabilité les décennies qui ont suivi, associés à des noms de détenus : inoubliables Lazar et Wita, personnages solaires qui incarnent magnifiquement des millions de victimes.
Les descendants rencontrés par Irène ignorent parfois tout de leurs origines ou des circonstances du décès de membres de leur famille. Les recherches de la jeune femme viennent alors bousculer ce qu'ils croyaient savoir, ébranler un roman familial mille fois entendus, des mensonges faits sous couvert de protection. Elles permettent aussi de réparer le désespoir de n'avoir jamais eu de réponses, de nouvelles des personnes aimées disparues. Certaines scènes sont juste poignantes, je pense notamment à celle entre Karl et Agata.
Dans un pays qui n'en finit pas avec son Histoire, la française recherche inlassablement des indices pour aider les survivants à panser leurs plaies. Au risque de s'oublier, de ne pas avoir de vie amoureuse et, parfois même, de négliger son fils.
On retrouve ici des références au projet Lebensborn, en écho à la lecture d'un roman de Nancy Huston achevé il y a quelques jours, et aux nombreux enfants volés en Pologne et en Ukraine pour être adoptés par des familles allemandes.
Fait du hasard également, alors que j'écris ce billet, aujourd'hui dans le journal le monde, un article sur les récentes découvertes faites dans le camp de Treblinka, les vestiges de chambres à gaz et autres créations inhumaines mis à jour.
C'est un roman original du fait de la construction du récit, qui met en scène des personnages complexes et extrêmement touchants, le tout enlevé par un style puissant. A lire absolument !

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