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Critique de Soukiang


Sombrent les âmes de Vanaly Nomain serait-il le roman attendu par tous les lecteurs pour capturer enfin l'essence de l'âme dans toute sa pureté virginale, dans cette expression que l'on définit par nature, l'amour des âmes qui se cherchent inlassablement, dans le chaos indescriptible de nos vies qui peut nous engloutir à tout instant, que reste-t-il vraiment de notre foi, de notre empathie, de nos compassions à se libérer complètement, à donner le meilleur de soi-même, à accepter finalement la divine providence de décider de notre sort à notre place, à délivrer un ultime message qui serait, avant de passer de vie à trépas, ai-je connu le bonheur, l'amour ? Ai-je tout donné pour aimé mon prochain et laissé une empreinte, un de ces messages subliminaux qui se traduiraient alors par tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ? Transcender la vie pour mieux accepter la mort ? Pour préparer un dernier voyage qui pourrait alors révéler une chose, la vie est un éternel recommencement ...

Donnner pour recevoir, jamais l'expression n'aura paru si éloquente à la lecture de ce deuxième roman d'une auteure qui m'avait déjà envoûté par son roman sorti en 2017, Emulsion : au-delà du visible, "Un roman qui touche au sublime, à la vie, une ode à l'amour éternel, un concentré d'émotions ... pures !!!", un de ces coups de coeur qui restera à jamais gravé ... dans mon coeur de lecteur, une plume déjà impressionnante de maturité et vertigineuse pour un voyage hors du commun, dans l'immensité d'un monde au bord d'une catastrophe majeure, cette rencontre improbable de deux êtres que tout oppose pourtant, l'histoire d'une quête à la fois identitaire et existentielle, entre réalité et rêve, entre le visible et l'invisible, l'émulsion de deux coeurs prendra une dimension fulgurante ...

Recevoir pour donner, Sombrent les âmes reflète cette recherche désespérée d'amour, d'alléger le fardeau de nos consciences bafouées et destabilisées par la brutalité du monde, par les épreuves que l'existence se complaît parfois, souvent, à semer sur notre route, comment survivre dans cette société où tout est désormais dématérialisé, calculé par la performance à tout prix, les gestes de tout un chacun scrutés à la loupe, les richesses comparées, diviser pour régner, l'hypocrisie de ne pas voir la réalité en face et de faire semblant, de participer tous un jour pour mieux se retrouver isolé le lendemain, où tous les plus vils actes font juste l'objet d'une tape sur les doigts, le matérialisme et le paraître sont-ils les seules valeurs qui restent pour affronter chaque jour nos semblables, pour se préserver de l'égoïsme et de l'individualisme exacerbé, les personnages de ce roman pourraient donné l'image d'une microcosme, d'une bulle d'air et de bienveillance mais fragilisée par les diverses souffrances qu'ils ont déjà et continuent de subir.

Ce qui était déjà le cas pour son premier livre, l'auteure ne cache pas qu'elle s'est également servi de son expérience personnelle pour écrire celui-ci.
Gratter encore et toujours plus loin sous la surface, si la trame du livre se déroule à Paris dans un immeuble hausmannien, s'il est question des SDF et de ceux qu'on appelle les "oubliés", vous en comprendez la genèse à la fin du livre, si le roman est aussi l'occasion de rappeler certaines réalités hélas encore d'actualité de nos jours, les difficultés quotidiennes et le poids de ces regards, de la pitié qu'ils peuvent inspirer, de cette existence en reclus, à l'écart, dans les zones de non-droit, ce sont toutes ces personnes qui ont vu, un jour, leur destin basculé irrémédiablement pour diverses raisons, de la naissance à la mort, la vie n'est définitivement pas un long chemin tranquille, de ces visages burinés que l'on croise, marqués définitivement par la vie, brisés, inidentifiables, oubliés, ce roman se veut une leçon de vie, une ode à l'acceptation de son prochain, à la générosité du coeur, pour reprendre l'expression, donner pour recevoir, recevoir pour donner, il peut aussi être le fruit d'un miroir inversé ou parallèle du roman, Emulsion, dans cette approche de sonder encore plus la complexité de l'essence de la vie, de la psychologie parfois tourmentée qui influent, qui diffusent et infusent dans les esprits les plus vulnérables, les plus sensibles à affronter toutes les rivages de l'existence ...

... dans une réalité certainement plus tangible que son précédent livre mais dont les thématiques communes, les réflexions qui en résultent donnent à penser que le destin peut aussi réserver parfois des surprises, que la vie et la mort est plus que jamais étroitement liées, que les liens visibles et invisibles sont encore plus apparents, que les coeurs les plus tendres peuvent se déchirer en deux, que tout espoir engendre aussi sa part d'ombre, dans l'abandon des êtres livrés à eux-mêmes, dans la solitude qui peut précipiter l'âme dans une zone de tous les dangers, dans une atmosphère d'angoisse latente, dans les désillusions qui succèdent à d'autres tourments, il est aussi question de cette résistance pour trouver la force de continuer à vivre, de ces rêves qui finissent par s'évaporer, de cet amour qui se dégragège en petits morceaux jour après jour, le titre éponyme du roman en dit déjà beaucoup sur la noirceur que l'âme humaine peut cacher, une profondeur abyssale dans laquelle Vanaly Nomain nous invite ici à partager le parcours de trois écorchés vifs, trois voix, trois destins ...

Si le choix de la première personne est réservée à Léa et Hugo, si celle de Sophie l'est à la troisième, ce n'est pas le fruit du hasard, le récit va prendre des allures de huis-clos, d'un duel à distance entre plusieurs fils visibles et invisibles, le lien avec Emulsion se devine quelque peu, délivrant alors un florilège d'émotions, une palette de sentiments contrastés par la haine, la colère, la culpabilité, la cruauté des hommes en dichotomie prégnante avec ses antithèses comme l'amour, la plénitude, la bienveillance, la sensibilité, la félicité, l'auteur se permet même avec brio d'incrustrer des fulgurances poétiques pour appuyer encore plus l'isolement, l'abandon, la mort, l'absent, le deuil qui n'en finit pas de s'infiltrer par tous les pores de la peau, l'amour absolue par sa synthèse affichée, par ses séquences douloureuses qui succéderont.
Une montée dans les spasmes du temps qui passe, un rythme qui va en crescendo et servi par une construction implacable, un combat contre l'inéluctable, contre l'irréversible destinée qui est en train de se mettre en place ...

Je reprends souvent la célèbre citation de Friedrich Nietzsche "Ce qui ne me tue pas me rend plus fort" pour illustrer certaines de mes chroniques, vous aurez l'opportunité de vous faire une autre interprétation, jusqu'où peut-on aller dans la souffrance, dans l'amour absolu sans perdre ce qui définit finalement l'essence de l'être humain, dans sa pureté originelle, dans son innocence, dans sa clairvoyance à se préserver d'un monde toujours plus dur, plus agressif et violent, est-ce que les êtres sensibles ont vraiment leur place actuellement pour profiter normalement des servitudes de la société, pour être sans paraître, pour oser sans risquer, pour vivre normalement ?

Si j'avais à retenir une citation, celle qui suit pourra peut-être vous appporter une illustration de ce qui vous attend ...
"Pourquoi devons-nous passer par la perte pour comprendre la valeur de ce que nous possédions ?", tout est possible dans cette histoire aux allures funestes, souvent dans un climat anxiogène dont l'histoire en est baignée comme bercé aussi par ces cris silencieux, ces déchirements venant du fond des entrailles et propulsant alors des souffles d'extase et de plaisir résolument tournés vers la quête du bonheur, vers l'unicité, à la recherche du temps perdu comme à la guerre, l'amour, le vrai ou les vertus du romantisme peut alors pleinement s'extérioriser, s'épancher de l'instant présent.

Une plume toujours aussi travaillée et déjouant tous les pièges de la redondance, de faire ressortir des images métaphoriques et symboliques, la marque d'une sensibilité profonde et délicate comme l'auteure en est habitée, le coeur qui s'exprime dans tous ses états d'âme, sans filtre et avec une générosité de tous les instants, à chaque page l'envie de partager son amour de la vie, de la rendre un peu plus douce, de la rendre plus vivable, chaque jour, un peu plus.

Si Sombrent les âmes est un coup de coeur ? Il l'est pour toutes les sensations contrastées que l'auteure a su me faire véhiculer, progressivement, comme des pépites qui sont parsemées et finissent par donner une lecture déchirante, je me retiens mais je ne vous le cache pas, les larmes ont bien fini par perler, un moment d'ivresse riche en fibres émotionnelles, en intensité dramatique, si le ton flirte toujours dans une sombre lumière, il est de ces éclats lumineux qui explosent par intermittence, une étincelle gorgée d'espoir et d'optimisme, l'auteure a dû puiser dans ses ressources mentales et personnelles pour livrer cette histoire, cette sublime histoire d'amour moderne restera l'une de mes plus marquantes jamais lue par sa singularité et sa touche unique, dans ses fulgurances, dans ces turbulences d'un autre temps, deux destins inextricablement liés, Léa et Hugo pourront-ils profiter du bonheur et surtout affronter tous les dangers de la vie afin d'éviter que ... sombrent leurs âmes ?

Définitivement un Coup de coeur ❤️❤️❤️

Un roman auto-édité et uniquement disponible pour l'instant en numérique, Sombrent les âmes de Vanaly Nomain.
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