Maria et le Templier

Elle pensa qu'il lui fallait aller vers le village du domaine de Querrac. Là, on la renseignerait peut-être. Elle poursuivit donc sa route, découvrant dans cette région gorgée de soleil en ce printemps des paysages de désolation. La croisade des Albigeois et les persécutions des bons hommes et bonnes femmes en 1208 et 1209 laissent encore des traces horribles. Elle voyait au loin des ruines de maison, des pignons de pierre aux poutres noircies. L'enfer sur terre, c'était sans doute ce qui avait été infligé à ceux qui ne croyaient pas aux mêmes textes que le Pape.

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Maria, pour remercier du cadeau, salua alors Jehan de Querrac du geste de la paix des Arabes, en silence.
Elle pensa chaque détail du salut à l'intention de celui à qui elle l'adressait. "Que la paix soit avec vous chevalier!" exprima alors Maria avec des gestes lents et précis : la main sur la bouche pour représenter la parole, sur le front pour la pensée, pus sur le cœur pour les sentiments.
Cela résumait tout.

Elle comprit en se maudissant pour sa naïveté, que les Templiers étaient des hommes aussi, tous différents. Que leur choix de vie - leur vocation - n'était pas toujours motivé par des vœux pieux. Jehan de Querrac n'avait-il pas dit qu'il avait embrassé l'Ordre plutôt que de se venger de la mort de sa belle? Von Bingen avait peut-être envie de guerroyer en Terre sainte plutôt que de ramener des pèlerins à Francfort. Oui, les templiers étaient tous différents Jehan était différent. Il était pieux, droit, honnête, courageux et noble. Elle s'en rendait d'autant plus compte à cheminer près d'un groupe de religieux aux pratiques sensiblement différentes.

Il pouvait au moins s'assurer que personne, bon homme ou bonne femme, terrée comme une bête dans les montagnes, n'avait besoin de son aide. Et, dans sa terrible inutilité, il pouvait au moins aller prier dans cette bergerie qui avait été le lieu de leur culte.
La Catalogne pouvait attendre.