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Critique de fanfanouche24


Lu peu après sa parution, en 1989----Relecture avril avril 2019

Cela faisait déjà quelques années que j'avais débuté mon métier de libraire... j'ai suivi la naissance de cette maison d'édition avec un bonheur sans égal: tant par l'originalité du format et des couvertures que par les traductions de pays, peu représentés dans le paysage éditorial français....à l'époque !!


"Après tout, se fût-elle faite, cette Europe, les miens seraient peut-être morts un peu plus vieux, un peu moins tristes.

Alors j'ai décidé, un beau matin, de me la faire, cette Europe qu'on ne me faisait pas. Et, dans cette maison décentralisée (comme on dit avec si peu d'élégance), je me suis mis à accueillir des textes allemands, scandinaves, italiens, espagnols, russes, grecs, autrichiens, belges, d'autres encore. Et aujourd'hui elle est là, sensible, vivante et vraie, mon Europe communautaire : dans ces livres publiés, dans ces textes, dans ces pages qui m'emmènent aux quatre vents, dans cette ineffable communion du regard et de la mémoire." (p. 18)

Ces carnets nous offrent des instantanés du métier d'éditeur, de
multiples anecdotes, les rencontres d'Hubert Nyssen avec d'autres
écrivains, ses choix éditoriaux, ses différentes facettes d'éditeur, d'écrivain, de traducteur, ses voyages dont celui très mouvementé à la Havane autour d'un colloque littéraire, sous haute surveillance des "bons révolutionnaires, communistes"... jusqu'à l'extrême difficulté de l'éditeur pour aller se recueillir sur la sépulture d'Alejo Carpentier !

"[Arles, 19 octobre 1983 ]

En Afrique du Sud, ils ont pendu le poète Benjamin Moloise. A Paris, le Pen, à la télévision, lave plus blanc que blanc et poursuit sa mussolinienne offensive en faveur de l'ordre moral. Au Nicaragua ils ont supprimé les libertés individuelles au nom de la sécurité démocratique...Et dire qu'on trouve encore des gens pour demander quelle nécessité il y a d'éditer des livres ! "(p. 137)


Tour à tour amusant, cocasse, grave et bouleversant de revisiter cette extraordinaire aventure éditoriale...l'histoire des écrivains qu'Hubert Nyssen a fait découvrir aux lecteurs français... dont Paul Auster, Jean Hugo, Nina Berberova, et tant d'autres , son indépendance qu'il a toujours vaillamment préservée...!

Hubert Nyssen aborde tous les aspects, toutes les contraintes auxquelles un éditeur est confronté, dont l'argent, qui reste le "nerf de la guerre" !!

"Nombre de nouveaux éditeurs, comme on les appelle, se sont cassé la figure pour avoir méprisé l'argent. D'autres ont disparu pour n'avoir pensé qu'à ça. Et de vénérables maisons ont terni leur image en montrant que du côté de l'argent elles plaçaient désormais leur absolu. (...)
On sait cela : il faut de l'argent pour acquérir des oeuvres, de l'argent pour
fabriquer des livres, de l'argent pour les diffuser, de l'argent pour convaincre, et de l'argent pour obtenir de l'argent." (p. 82)

Je redis mon admiration pour le catalogue exceptionnel des éditions Actes Sud, et pour la continuité réussie et assumée par Françoise Nyssen, la fille de son fondateur !...
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