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Critique de Bellonzo


C'est le premier roman de Joseph O'Connor (1994), l'un de mes chouchous irlandais. Desperados alterne la jeunesse de Frank en son Irlande natale et un voyage très mouvementé dans le Nicaragua de quelques paumés années 80 en pleine révolution sandiniste, à la recherche de son fils Johnny plus ou moins porté disparu. Frank retrouve Eleonor, la mère de Johnny dont il est séparé depuis pas mal de temps. Sur place ils font la connaissance de quelques amis de leur fils, membres d'un groupe de rock, Desperadoes au nom prémonitoire, semble-t-il. On finit par leur présenter ce qui pourrait être le cadavre de John, inidentifiable. S'en suit alors leur propre enquête dans les bas-fonds de Managua entre Contras et Sandinistes, souvent imprévisibles. Les geôles d'Amérique Centrale, particulièrement sympathiques, accueillent volontiers ces chercheurs de noises, et il faut pas mal d'argent. Arrosant ici et là l'un et l'autre ils finissent par trouver trace éventuelle.

A bord de Claudette la bringuebalante camionnette d'un de ces héros piedsnickelesques nous effectuons une sorte de road-movie dans un pays en pleine déconfiture où seul Dieu, mais alors un Dieu sud-américain, et encore, reconnaitra les siens. En même temps qu'une quête du destin filial c'est aussi un peu la tournée des Desperadoes dans des salles souvent miteuses où les reprises de standards du rock déchaînent les passions, du moins quand il y a un peu d'électricité. Se déchaînent souvent aussi cuites et bagarres. le Nicaragua est déliquescent, c'est dans ses statuts. Beaucoup d'humour dans ce roman, les tribulations de notre poignée de personnages s'avèrent aussi plus graves, pointant évidemment l'Oncle Sam entre autres, ceci étant inhérent à tout roman ou film se déroulant entre Ciudad Juarez et la Terre de Feu. Ca c'est d'accord et c'est convenu.

Il y a autre chose, un peu plus rude. O'Connor est pour le moins critique avec les révolutionnaires de salon, européens, se prenant d'engouement pour le prétendu romantisme des guerilleros hispanophones, pléonasme. Bon, tant qu'ils restent au salon...Mais Johnny, à première vue, se serait mêlé de...Pas trop bien vu ici, ni du côté oppresseur ni du côté oppressé et vice-versa. Mais l'auteur le fait avec verve, cascades et bonne humeur.

Enfin, et l'irlandophile invétéré que vous voulez bien lire de temps en temps dirait et surtout, quelques chapitres de ci de là s'intercalent, sur les rapports père-fils de Frank et Johnny dans leur Irlande verte et parfois bien grise encore en ces années. Et ces rapports ont été virils mais corrects, comme on dit en rugby. La tendresse qui les a unis fut bien réelle. Réelles aussi les nombreuses altercations et la dureté maternelle n'eut rien à envier à la poigne paternelle. Pas loin d'être bouleversant. Modeste chauffeur de taxi à Dublin, Frank Little, son ex-femme Eleonor et leurs comparses vous attendent pour un périple qui vaut le déplacement. Je vous mets un petit riff littéraire très binaire mais vous aurez compris que Desperados vise plus haut et plus large.

-Uno, dos, tres, cuatro, vamos a bailar.-Il donna un coup sur les cymbales: Whaouh! lança-t-il dans le micro.

Il écrasa la pédale basse et attaqua un tythme endiablé. La foule enthousiaste se mit à danser, applaudissant en mesure.

Smokes martela son morceau en quelques minutes. Guapo bondit en scène et brancha son ampli. Il se déchaîna dans un bref solo en dansant sur place. Des cris d'enthousiasme éclatèrent de nouveau pour saluer l'arrivée nonchalante de Lorenzo, cigarette aux lèvres et guitare en bandoulière. Il salua le public d'un geste et plaqua vigoureusement quelques accords. Il s'approcha des baffles provoquant un effet Larsen. Puis Cherry fit son apparition en saluant. On lui jeta un bouquet de roses. Elle envoya un baiser, remonta ses manches, se pencha sur son synthé qu'elle se mit à frapper avec entrain.

Les jeunes se déchaînèrent. Ils se prirent par l'épaule et sautèrent en cadence. le parquet tremblait. Smokes fit rouler ses baguettes sur la grosse caisse. Lorenzo bondit, se saisit du micro et interpréta Jailhouse Rock.
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