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Critique de LacosseCeline


Louise O'Neill se lance ici dans l'écriture d'une version moderne et féministe de la Petite sirène.

Sous l'océan, le père de Gaïa règne en tyran. Gaïa (la petite sirène) et ses soeurs ne doivent pas penser par elles-mêmes, ne sont pas autorisées à s'exprimer, n'ont pas droit à l'éducation et surtout ne sont valorisées que par leur beauté. Comme toutes ses soeurs avant elle, la Petite sirène doit d'abord passer par le rite de la virée en surface et contempler le monde inaccessible des hommes. Lors de cette dernière, elle croise la route d'un jeune homme qu'elle va sauver de la noyade…

L'autrice nous propose une réécriture moderne où elle développe des éléments du conte original qui restaient en arrière plan : la personnalité du père de Gaïa, l'histoire de sa mère disparue quand elle et ses soeurs étaient jeunes… J'ai beaucoup apprécié l'introduction de ces nouveautés qui étoffent l'intrigue.

L'univers proposé est assez manichéen par contre; même si les méchants ne sont plus forcément les mêmes. Cet aspect ne m'a pas dérangée outre-mesure car j'ai trouvé que c'était bien dans l'esprit des contes de fées. Louise O'Neill respecte les grandes lignes du conte d'Andersen, avec quelques reprises de la version de Disney. Mais elle l'exploite pour faire passer des messages de notre époque : la beauté ne fait pas tout, l'acceptation de la différence, la liberté d'aimer qui l'on souhaite et bien sûr la force des femmes, leur droit à la parole et à l'égalité avec les hommes.

Gaïa est un personnage assez passif au début et pendant une grande partie du reste de l'histoire. Si elle a le courage de tout quitter plutôt que d'endurer une vie malheureuse, elle aura du mal aura se détacher de l'éducation reçue et de sa perception biaisée de la société. Si bien que la femme forte mettra du temps à se révéler. Cela peut-être agaçant car elle laisse faire des choses qu'elle réprouve. On voudrait parfois la secouer, la réveiller. Mais son attitude ne m'a pas paru totalement aberrante dans le contexte de la société qu'elle a toujours connue et avec les contraintes de son éducation.

Les autres personnages sont pour la plupart moins présents et peu nuancés. le roi des océans, tyrannique, est méprisable au possible. Les soeurs de Gaïa complétement soumises, assez agaçantes pour certaines car elles préfèrent tirer dans les jambes de la petite sirène plutôt que de se rebeller contre l'autorité. Par contre, j'ai beaucoup aimé le traitement de la « sorcière de la mer » (the Sea Witch) et du jeune homme sauvé de la noyade (Oliver). L'autrice reconstruit une histoire autour de la sorcière qui m'a beaucoup plu. En cela, elle renouvelle entièrement le conte et nous offre une vraie femme de caractère. de même, j'ai apprécié découvrir la personnalité d'Oliver alors même que ce n'est pas quelqu'un que j'ai pu aimer. Oliver n'est en effet pas attachant. Il a ses défauts. En fait, j'ai surtout été séduite par l'objet atteint au travers de ce personnage : la désillusion de la petite sirène.

Tout se bouscule, tout se précipite sur la fin. Quelques pages qui passent peut-être trop vite pour tant d'action et de révélations. J'aurais aimé plus, sans aucun doute. Mais j'ai apprécié cette fin respectueuse d'une des versions du conte tout en proposant autre chose.

Pour conclure ?
Une bonne réécriture de conte moderne qui propose ses propres leçons remises au goût du jour. Un respect des grands lignes qui m'a plu tout en creusant d'autres aspects. Enfin un récit qui se révélera très féministe dans ses conclusions. Une bonne lecture !
Lien : https://lacossedeceline.word..
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