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Critique de Krissie78


Bernard Dunphy c'est un peu l'idiot du village. A l'école il était le souffre-douleur. Il préférait la musique et pas n'importe laquelle : le blues, plutôt que de jouer au football. Orphelin de père, élevé par une mère protectrice, il est amoureux de la belle Marian. La vie semble se dérouler de façon immuable dans cette belle ville irlandaise de Killarney. Bernard conduit sa calèche pour touriste, il écrit des chansons pour Marian, se moque des plaisanteries qui fusent dans son dos, et Jack le footballeur est son ami. Les week-ends se suivent et se ressemblent, tout le monde se retrouvant dans l'un ou l'autre des pubs de la ville, touristes et habitants mélangés, pour faire le bilan de la semaine, cancaner ou écouter de la musique en buvant une bière. le temps se serait-il arrêté à Killarney ?

L'auteur livre un récit choral. 3 jours où les destins d'un petit groupe de personnages qui gravitent autour de Bernard, vont voir leurs trajectoires converger et prendre un virage aussi inéluctable que le drame qui va survenir. Il y a Jack et sa violence sur le terrain de foot et avec les femmes. Il y a Marian, Megs (la fiancée de Jack) et Cathy, les trois copines qui vivent leur trentaine comme une éternelle adolescence. Il y a Birgit, la mère de Bernard, qui traîne sa vie, son veuvage et sa maladie. Il y a Linda la serveuse et chanteuse venue d'ailleurs mais qui se sent bien dans cette ville. Il y a Ninny, la jument de Bernard. Et il y a le fantôme de ce père qui s'est noyé lorsque Bernard était enfant.

Colin O'Sullivan est plus connu pour ses poèmes. Publié en 2017 Killarney Blues est son premier roman. Pas tout-à-fait un polar ou alors un polar psychologique. Car qu'elle est sombre cette ville de Killarney avec ses 250 jours de pluie par an. Seul Bernard ne semble pas sensible à cette noirceur ambiante, comme si toute la nostalgie de la ville il l'avait concentrée dans ce blues qu'il écoute à longueur de journée, héritage de son père, et qui participe à faire de lui quelqu'un d'à part, de différent.

Avec un style très maîtrisé où l'on sent l'âme du poète, Colin O'Sullivan livre un roman noir comme une Guinness, illuminé par son personnage principal : Bernard. Un récit remplit de la nostalgie et de la douce langueur de ce blues qui est présent à chaque moment. Les personnalités des personnages principaux sont fouillées. le style est fluide, agréable. On se laisse porter par cette ambiance de temps figé tout en étant maintenu en haleine par un suspens latent et par le drame que l'on sent / sait arriver. Et malgré cette noirceur ambiante c'est l'optimisme qui gagne.

Une jolie découverte.
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