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Quelle jolie découverte que ce « Killarney Blues » de Colin O'Sullivan.
Je ne connaissais pas cet auteur ni son oeuvre qui pour l'instant se limite à ce livre.
L'histoire se déroule (comme son titre le laisse entendre) à Killarney, une petite ville du sud-ouest de l'Irlande. On y croise des touristes, à l'affut des spécificités de la ville comme par exemple les jarveys. Les jarveys sont ces cochers qui vous permettent de vous promener dans la ville et ses alentours…Bernard Dunphy est l'un d'entre eux….Un peu différent, il aime particulièrement le blues qui est ( presque ) sa seule et véritable passion …
Autour de lui gravitent sa mère, son ami d'enfance Jack, et la jeune fille dont il est amoureux depuis fort longtemps : Marian….
Malgré cette trame qui semble fort sympathique au départ, nous avons en réalité affaire à un roman fort noir…L'auteur, Colin O'Sullivan, dresse un portrait sans concession des différents protagonistes de cette histoire. Une histoire qui s'assombrit au fur et à mesure que défilent les chapitres et que s'égrène une mélodie de blues. le style de l'auteur est d'ailleurs empreint de poésie et son écriture m'a particulièrement séduite.
Malgré la noirceur de l'histoire, Bernard la traverse sans que cela l'affecte vraiment, préférant rester dans sa bulle qui lui permet de sortir indemne de tout cela…
Donc, oui, le jour où je retournerais en Irlande, je ferais un tour à Killarney, et j'observerais fort attentivement les jarveys, à la recherche de Bernard Dunphy. Si je reviens bredouille, j'irais faire le tour des pubs, avec un peu de chance il sera en train de se produire et de faire profiter son public de son talent en chantant quelques airs de blues…


Challenge Mauvais genres 2021
Challenge ABC 2020/2021
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[ Whisky et Guiness ]

Non le blues ne vient pas du Mississipi, non les romans noirs ne sont pas l'apanage des américains.
Avec Colin O'Sullivan, tout est irlandais et c'est incroyablement beau, subtil et poétique.

Ce livre attendait patiemment dans ma PAL depuis sa sortie en poche. Il était bien caché, il ne faisait pas de bruit, serein, il savait que son heure viendrait et que j'en sortirai émue.

On pourrait croire qu'il ne se passe rien à Killarney, mais c'est sans compter sur la noirceur vivace de la réalité.
Dans cette jolie ville touristique irlandaise, il y a des averses, le soleil parfois et puis, les nuages qui s'amoncellent et encore des averses. le soleil ne reste jamais longtemps à Killarney.

La vie, la mort, les âmes perdues.... Un roman très touchant, un texte pudique et bouleversant, empreint d'une sombre mélancolie. Un parfait équilibre entre émotion et énergie qui prend à la gorge et ne vous lâche plus.
C'est à découvrir absolument pour les amateurs du genre.
Quand je pense que c'est un premier roman...
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Bernard Dunphy c'est un peu l'idiot du village. A l'école il était le souffre-douleur. Il préférait la musique et pas n'importe laquelle : le blues, plutôt que de jouer au football. Orphelin de père, élevé par une mère protectrice, il est amoureux de la belle Marian. La vie semble se dérouler de façon immuable dans cette belle ville irlandaise de Killarney. Bernard conduit sa calèche pour touriste, il écrit des chansons pour Marian, se moque des plaisanteries qui fusent dans son dos, et Jack le footballeur est son ami. Les week-ends se suivent et se ressemblent, tout le monde se retrouvant dans l'un ou l'autre des pubs de la ville, touristes et habitants mélangés, pour faire le bilan de la semaine, cancaner ou écouter de la musique en buvant une bière. le temps se serait-il arrêté à Killarney ?

L'auteur livre un récit choral. 3 jours où les destins d'un petit groupe de personnages qui gravitent autour de Bernard, vont voir leurs trajectoires converger et prendre un virage aussi inéluctable que le drame qui va survenir. Il y a Jack et sa violence sur le terrain de foot et avec les femmes. Il y a Marian, Megs (la fiancée de Jack) et Cathy, les trois copines qui vivent leur trentaine comme une éternelle adolescence. Il y a Birgit, la mère de Bernard, qui traîne sa vie, son veuvage et sa maladie. Il y a Linda la serveuse et chanteuse venue d'ailleurs mais qui se sent bien dans cette ville. Il y a Ninny, la jument de Bernard. Et il y a le fantôme de ce père qui s'est noyé lorsque Bernard était enfant.

Colin O'Sullivan est plus connu pour ses poèmes. Publié en 2017 Killarney Blues est son premier roman. Pas tout-à-fait un polar ou alors un polar psychologique. Car qu'elle est sombre cette ville de Killarney avec ses 250 jours de pluie par an. Seul Bernard ne semble pas sensible à cette noirceur ambiante, comme si toute la nostalgie de la ville il l'avait concentrée dans ce blues qu'il écoute à longueur de journée, héritage de son père, et qui participe à faire de lui quelqu'un d'à part, de différent.

Avec un style très maîtrisé où l'on sent l'âme du poète, Colin O'Sullivan livre un roman noir comme une Guinness, illuminé par son personnage principal : Bernard. Un récit remplit de la nostalgie et de la douce langueur de ce blues qui est présent à chaque moment. Les personnalités des personnages principaux sont fouillées. le style est fluide, agréable. On se laisse porter par cette ambiance de temps figé tout en étant maintenu en haleine par un suspens latent et par le drame que l'on sent / sait arriver. Et malgré cette noirceur ambiante c'est l'optimisme qui gagne.

Une jolie découverte.
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Killarney Blues s'ouvre par le passage à tabac de Bernard Dunphy à la sortie d'un pub. Bernard est un jarvey, un conducteur de calèche pour les touristes. Souffrant d'un léger autisme, sans doute aussi traumatisé par la souvenir d'un père suicidé, il est peu intégré, considéré comme l'idiot du village, et accroché à deux obsessions : la musique blues qu'il joue avec un certain talent, et Marian, dont il est amoureux depuis l'enfance et à laquelle il envoie régulièrement des cassettes sur lesquelles il joue ses morceaux favoris. Il y a aussi Jack Moriarty, petite frappe, violent et certainement plus asocial que Bernard pour lequel il représente le seul ami. Mais comme l'amour pour Marian, l'amitié pour Jack est à sens unique. Et si personne n'envoie bouler Bernard trop directement, celui-ci crée un certain malaise lorsqu'il tente maladroitement d'entretenir des liens avec ceux qu'il aime, un sentiment de honte, de culpabilité et répulsion mêlées. C'est cela qui est à l'origine de ce passage de tabac initial à partir duquel Colin O'Sullivan va dérouler sa tragique petite histoire irlandaise.
Rien d'exceptionnel dans le Killarney Blues, pas de suspense haletant, de tueur en série, d'explosions ou de fusillade, mais la chronique de la médiocrité et des petites lâchetés ordinaires, de la manière dont ce quotidien sans relief peut dissimuler de vieilles plaies qui n'en finissent pas de suppurer et virer sans prévenir au fait divers pathétique. C'est dans la mise en place de cette atmosphère pesante contrebalancée par l'optimisme forcé d'un Bernard Dunphy qui se refuse à regarder la réalité en face et dans la manière fine dont il décrit les relations ambigües entre Bernard et les autres que Colin O'Sullivan excelle. Il donne ainsi à une histoire banale une réelle épaisseur et un véritable souffle tragique – grâce aussi à une belle écriture – qui vient contrebalancer quelques défauts bien réels dont la façon d'appuyer sur l'extrême innocence de Bernard Dunphy et en contrepoint sur la corruption de Jack Moriarty n'est pas le moindre. Mais le léger agacement que cette manière de forcer un peu le trait pour donner un ton encore plus mélodramatique à l'histoire est finalement assez vite oublié grâce à la façon dont O'Sullivan arrive à faire sourdre la mélancolie de son récit et à dépeindre avec acuité la manière dont cette petite communauté se débat avec le passé mais aussi avec un présent qui n'offre que peu d'espoirs. Aussi et surtout la confusion des sentiments et la façon dont chacun tente de composer avec. Sans révolutionner le genre ni offrir un chef d'oeuvre immortel, Colin O'Sullivan arrive ainsi à proposer un roman noir séduisant dans lequel on se laisse entraîner avec plaisir.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Défi ABC 2022-2023
Bonheur des bibliothèques, chercher un bouquin et bien sûr en emprunter un autre, parce que Killarney, parce que l'Irlande (et les irlandais) me manquent, parce que j'avais besoin d"un O dans mon ABC. Bonne piche: Killarney et ses touristes, ses pubs et ses jarveys, Killarney et ses irlandais, Bernard et les hommes, Bernard et les femmes, Bernard et ses amours manquées, Bernard et sa mère, Bernard et son pardessus, un roman tendre et violent, mais la vie est violente, parfois, souvent, un roman de l'Irlande, celle qu'on découvre pour peu qu'on prenne le temps, l'Irlande de carte postale, mais en surface seulement. Bernard, la prochaine fois que je passe à Killarney, je réserve une balade. Et la musique.
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Un roman qu'on classera en roman noir, bien qu'il soit assez atypique dans sa forme. A commencer par son personnage central, Bernard, autiste, conducteur de calèche, passionné de blues et amoureux comme un ado. Autour de lui, différents drames vont se lier jusqu'à ce qu'un événement déclenche tout. Un roman cathartique aux émotions positives, comme le blues sait également en produire. Bouleversant.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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Traduit par Ludivine Bouton-Kelly

Bernard est jarvey dans la petite ville de Killarney, en Irlande, dans le comté du Kerry. Si vous connaissez Killarney, vous avez sûrement rencontré ces conducteurs de calèche qui promènent toute la journée les nombreux touristes. Pourtant Bernard est mis au ban de la bourgade : il est considéré un peu comme l'idiot du village. On découvre qu'il aurait peut-être une forme d'autisme Asperger (mais cela reste une supposition). Cet homme a une passion : le blues. Dès qu'il peut, il gratte sa guitare et chante (mais chez lui). Il est incollable sur tous les bluesmen américains. Une passion que lui a transmise son père, décédé. Bernard est amoureux depuis son adolescence de Marian, à qui il envoie régulièrement des cassettes de ses enregistrements.

Quand s'ouvre le récit, Bernard se fait rosser par des hommes, à la sortie d'un pub. On ne sait pas pourquoi. Des coups de poings, des coups de pieds. Ils le laissent à demi-inconscients. Bernard a peur : moins de se prendre encore une nouvelle raclée que de perdre l'audition : allongé sur le sol, encore sonné, sa préoccupation est de savoir s'il entend encore. Ouf ! Ce ne sera pas encore pour cette fois qu'il s'arrêtera de jouer du blues : hormis une dent en moins et des contusions, ses doigts et ses oreilles ont réchappé du massacre. D'emblée, on comprend que Bernard est un homme particulier et passionné.
Nous faisons la connaissance de Marian, et de ses deux copines avec qui elle fait régulièrement du shopping le samedi. Leur "QG" est un café de Killarney. Marian se fait charrier par Mags et Cathy à propos de l'obsession que Bernard nourrit pour elle. Cependant, Marian a du répondant, et même si Bernard l'indiffère, elle n'hésite pas à balancer à ses amies, trentenaires qui se comportent comme des ados, la petitesse de leur vie : "Honnêtement, les chansons sont assez pourries. Mais c'est bien d'avoir un hobby. C'est mieux que vous deux. Qui passez votre temps à faire du shopping. Et qui dépensez l'argent que vous avez durement gagné." Et bim, dans les dents ! :)
Nous faisons également la rencontre de Jack Moriaty, un mec qui se la joue gros dur, footballeur au club de la ville quand il ne travaille pas au garage. Un ami d'enfance de Bernard. A présent, il considère le jarvey comme un boulet qui le saoule dès qu'il vient entamer la conversation avec lui au pub. Il fait tout pour l'éviter. Il n'aime pas qu'on le voit avec lui, sa "réputation" pourrait en prendre un coup. D'emblée, on déteste ce Jack-le-macho-qui-roule-des-mécaniques. On le déteste encore plus quand on apprend qu'il sort simultanément avec Mags et Cathy. Ces deux filles apparaissent de plus en plus comme deux bécasses superficielles. On va s'en prendre plein la face, à leur instar.

Le premier roman noir de l'Irlandais Colin O'Sullivan, qui est un acteur de théâtre converti à l'écriture. Il vit actuellement au Japon (un autre pays qui me fascine) où il enseigne l'anglais. Un livre de la rentrée littéraire dont on ne voit pas la pub sur les réseaux sociaux, et encore moins de chroniques sur les blogs et c'est vraiment dommage. Il sort le 21 septembre, me semble-t-il mais c'est silence radio. Je l'ai acheté en version électronique et je ne sais pour quelle raison, il m'était immédiatement disponible à la lecture sous ce format.

Je lui ai trouvé un petit défaut tout de même qui est la répétition de certains éléments au cours du récit, un peu comme si c'était pour combler un vide. Mais à par cela, c'est vraiment un roman noir qu'on ne peut plus lâcher une fois entamé !

Collin O'Sullivan aborde quelques thématiques de l'Irlande contemporaine, notamment la condition féminine : en Irlande, une femme qui n'est pas mariée à 30 ans est presque une anomalie. Société machiste, c'est hélas une vérité. Ainsi beaucoup de ces Irlandaises n'ont qu'une obsession : se trouver un mec, le faire tomber de son arbre pour le mettre dans le nid etc., comme on dit. le but de leur vie. Les personnages de Cathy et Mags en sont emblématiques. Deux gourdes dont l'auteur semble se moquer. Je dirai même qu'il les accable! Elles sont capables de faire l'abstraction de la maltraitance que peut avoir envers elles ce Jack Moriaty et même bien pire (mais je ne vous dis pas pourquoi pour ne pas spoiler l'histoire). Quand elles se rendent compte de leur erreur, c'est trop tard. le machisme, l'amour, l'amitié et d'autres thèmes plus noirs que je ne révèle pas volontairement sont abordés dans ce roman.

Les personnages gagnent en profondeur au fil du récit, on découvre leur histoire personnelle, leur héritage, qui, si certains l'ignorent, s'apparentent à l'âme du blues : "Le blues parle de la souffrance. Et les Irlandais en connaissent un rayon là-dessus." Pour Bernard, comme pour son père, "le blues lui parlait, c'étaient des chants crus et grossiers, ils sortaient du plus profonds des puits, tout au fond, là où il faisait si noir qu'on n'y voyait rien".

La souffrance, le tourment, est bien le fil ténu entre les personnages. C'est un roman noir, effectivement, mais aussi une histoire d'amour. Un droit à la différence. Un roman mélancolique mais dont l'humour n'est pas absent. Tous les fans de l'Irlande connaissent la propension des Irlandais à se moquer d'eux-mêmes, ce roman n'y échappe pas. :)
Une plume au diapason du blues, avec une touche irlandaise en plus. Je suis passée du sourire aux presque larmes. On s'attache même à Ninny, la jument de Bernard en bout de course, au nom ridicule. J'ai aimé la fin de cette histoire. Après la tempête, il y a le soleil. Une belle humanité dans la plume de cet auteur. A découvrir !


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Je suis tombée sous le charme de ce beau roman sombre et mélancolique, porté par le souffle du blues. Tristesse, misères et souffrances dans un beau coin d'Irlande. A Killarney, Bernard Dunphy est jarvey, conducteur de calèche pour les touristes. Véritablement passionné de blues, il aime sa mère, sa jument Ninny et son « ami » d'enfance Jack ; mais surtout la belle Marian – elle, moins. Bernard, héros atypique et magnifique, est sans doute atteint du syndrome d'Asperger. Même avec une dent en moins et un éternel manteau noir un peu puant, il illumine véritablement ce roman. Talent.

L'écriture de Colin O'Sullivan est douce et inspirée, mais il n'hésite pas à glisser dans le brutal. Il écorne les clichés et les faux semblants et donne à voir derrière les miroirs, ces champs de bataille où certains se perdent, où les démons gagnent. Ce roman, plus qu'un rythme, a véritablement une âme. le bluesman Robert Johnson n'a pas hésité à vendre la sienne au diable. Il en est question ici aussi, du diable, de la destinée. Personne, dans Killarney Blues, n'est tout à fait ce qu'il semble être.

Une très belle lecture, vraiment. En prise avec l'époque (« le Tigre celtique est bien mort, sa carcasse en putréfaction enlisée dans les tourbières noires. A la place du tigre se trouve un chaton qui miaule, rachitique et nerveux, prêt à déféquer »), ces deux jours dans la vie de Killarney contiennent aussi le passé et de nombreuses autres vies, complexes et esquissées dans une narration en italique, des retours dans le temps, comme une ligne musicale différente, dont la voix prendrait à mesure une importance cruciale. Killarney Blues est un roman noir – mais pas que -, aux confins de l'amour, du désir et de la perte.

« le blues parle de la souffrance. Et les irlandais en connaissent un rayon là-dessus. »

Un grand merci aux éditions Rivages pour ce partenariat.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Killarney blues
de Colin O'Sullivan


Le Blues.
Cette musique née dans les chants de travail d'une population mise en servitude exprimant son triste sort, est habilement orchestré, ici, par Colin O'Sullivan pour s'adapter à la celtitude des personnages … entre ombres et lumières. Un peu comme une transposition de la météo locale : nuages, averses, éclaircies, nuages etc. amenées en rafales par le Gulf Stream, des giboulées de mars permanentes en quelque sorte.

Les Celtes sont ce qu'ils sont, avec leurs chimères et leurs rêves, leurs fidélités et leurs entêtements parce qu'ils portent toujours en eux le désir de l'infini et le goût de l'aventure.

Mais là, un moment estival (trois jours je crois) va chauffer coeurs et esprits. de ce maelström va émerger lentement la noirceur des non-dits dans laquelle évoluent les personnages.
Une ambiance de fermentation où les ingrédients, loin du malt et du houblon, sont la mélancolie, la morosité des vies tracées à l'avance, la violence qui ne demande qu'à sortir et la perversion des choses et des âmes.
La source de ces dérèglements : la ségrégation des êtres différents, la vie de couple comme seul horizon (« célibataire à trente ans, t'es pas normale »), le machisme ambiant où les filles semblent n'être que des OBBI (Objets baisant bien identifiés). Cette corruption ne peut qu'amener la violence, irrémédiable, où l'éternel bourreau n'est au départ qu'une victime. « Je sais, c'est pas une raison ».
Tiens, au fait, pourquoi comme chez Conan Doyle, le méchant, c'est Moriarty ?

Et puis Killarney que je n'ai pas reconnue ; bourgade coincée entre l'anneau de Kerry et la péninsule de Dingle accolée à son magnifique parc national. Cette ville vit donc de la manne touristique attirée par ces merveilles du pays du trèfle.

Bref, un drôle de choix pour y planter le décor de ce roman, quoique cela justifie la présence d'étrangers ou de pièces rapportées (Linda) venues d'ailleurs en Irlande.

Comme un bon whiskey tourbé, j'ai dégusté avec grand plaisir ce livre … que je n'aurais pas lâché, si mon actualité me l'avais permis.

J'ai noté, en fin de parcours, trois évènements concomitants, O'Sullivan s'en sort plutôt bien dans le traitement de la simultanéité des faits obligée d'être traitée dans le flot en continu de l'écrit.

Quatre étoiles.

Ancelle, le 20 novembre 2023
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L'Irlande comme je ne l'avais jamais lu. L'action se passe dans le comté de Killarney qui est une des destinations favorites des touristes et on peut dire qu'elle devient un personnage à part entière dans ce roman. J'ai dévoré les pages comme si j'étais affamée et ce fut une très bonne lecture. On y croise deux amis d'enfance Bernard Dunphy et Jack Moriarty qui a l'âge adulte ont tracé deux routes bien distinctes qui ne se croisent qu'au Pub. Bernard est un « Jarvey », il conduit une calèche à travers toute la ville pour les touristes et oscille entre deux amours, on pourrait même parler d'obsession, le blues et Marian. Bien qu'ayant trente ans, il vit encore avec sa mère dans le souvenir de son père John Dunphy, mort noyé dans le lac voisin alors qu'il n'avait que sept ans. Marian est une très belle jeune femme qui fait partie d'un trio d'amies avec Mags et Cathy qui aiment faire la fête, sortir et boire le week-end. Quand au beau Jack, il cultive son côté bad boy entre ses matchs de foot et ses conquêtes, on sent chez lui une violence sous tendue qui ne demande qu'à s'exprimer.
On ressent profondément qu'il y a là un secret, bien caché qui engendre tristesse et mélancolie et bientôt une terrible violence, la tension grimpe au fur et à mesure que la menace se précise. Comment l'action d'un seul homme peut-elle avoir une si forte répercussion. le rythme est plutôt lent mais on se laisse bercer par les pas de Ninny la vieille jument et par le blues, il y a de quoi se faire une playlist conséquente avec toutes les références que l'on trouve. J'ai apprécié le style de l'auteur qui nous livre avec parcimonie des éléments du passé par petites touches pour mieux nous montrer ce qui a été brisé à jamais. Un roman noir bouleversant à découvrir. Bonne lecture.

Lien : http://latelierdelitote.cana..
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