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Critique de sandrinedurochat


Le 22 juillet 2011, Utoya (Norvège) :

• 17 heures 18 :

Anders Behring Breivik débarque sur l'île d'Utoya à quarante kilomètres d'Oslo. Il a déjà fait exploser une bombe à Oslo tuant huit personnes et s'apprête à ouvrir les portes de l'Enfer sur l'île d'Utoya.

• 18 heures 30 :

Breivik est interpellé. Il a massacré 77 personnes, la majorité était âgée de treize à vingt ans. Il devient le plus grand tueur de masse en Europe et fait vaciller tout un pays dans le chaos et la sidération.

Mon avis :

Bienvenue en Enfer, bienvenue sur l'ïle d'Utoya !

Une expérience littéraire glaçante…

Ce livre est terrifiant car fondé sur des faits réels ayant traumatisé toute une nation et je pense qu'il doit être lu par le plus grand nombre afin de comprendre comment un homme d'apparence ordinaire a pu se transformer en tueur de masse froid et impitoyable au nom d'une idéologie nationaliste.
Avec Utoya, il ne s'agit pas de fictionner ou de romancer la mort ou l'agonie mais de la vivre en direct à travers le regard d'Anders Behrin Breivik. La réalité brutale et sanglante est incarnée par ce norvégien de trente-deux ans se définissant encore aujourd'hui comme un chevalier Templier.

Sa motivation: frapper fort pour dénoncer l'islamisation de l'Europe, le multiculturalisme qui menace son peuple et réveiller les consciences nationales.

Son objectif : tuer un maximum de jeunes travaillistes sur l'île Utoya (peu importe qu'ils aient entre 13 et 21 ans, ils ont choisi leur camp et pour Breivik, ils sont définitivement contaminés par le multiculturalisme).

Bilan humain, moyens matériels, préparation du projet, motivations nationalistes de Breivik : tout est détaillé pour comprendre. Aucun détail n'est épargné, l'agonie et les souffrances de ces jeunes adolescents sont terrifiantes. L'horreur est posée et omniprésente (sang, cervelles qui explosent, supplications des victimes, tentatives de fuite vaines, exécutions, rapports d'autopsie…) La nausée est là et dure un bon moment…

L'auteur profite de notre sidération pour enchaîner très efficacement sur la phase du procès dans la seconde moitié du livre avec des retours sur certains épisodes de tueries, en retranscrivant des témoignages de victimes ou de tiers. le travail de documentation est impressionnant et ultra-précis. Rapports de police, témoignages des jeunes survivants qui font état de l'acharnement de Breivik, compte-rendu psychiatrique et psychologique et surtout éléments de personnalité de Breivik. L'auteur se fonde sur le manifeste rédigé par le tueur et diffusé massivement avant le massacre. Une chose est certaine pour moi : Breivik n'est pas fou, il est radicalisé et convaincu d'agir en chevalier Templier parti en croisade contre ceux qui veulent souiller la Norvège.

A L'horreur des crimes se mêle une sorte de fascination malsaine pour tenter de suivre la logique de Breivik sur la préservation de la race et de la culture norvégienne. Son discours inébranlable, sa certitude d'avoir agi pour le bien de son peuple m'a fait repenser aux discours des dirigeants nazis durant le procès de Nuremberg.

• et unique…

Au-delà de l'aspect effroyable du récit, Utoya a cette singularité incroyable d'être narré à la première personne.
Obertone et Breivik ne font qu'un dans ce récit, instaurant une proximité immédiate et terrifiante avec le lecteur. C'est complètement inédit et assez intelligent. Laurent Obertone court-circuite l'esprit de Breivik et déroule cette journée macabre pour percuter son lecteur et le choquer.

La lecture est unique, dérangeante et néanmoins magnétique. J'ai arrêté ma lecture de temps en temps afin de mesurer l'ampleur du massacre et suivre le discours vertigineux de Breivik. La charge émotionnelle de cette « quasi-autobiographie » est énorme et électrisée par ce style narratif impeccable.

Utoya est une expérience de lecture que je recommande à tous afin de comprendre la logique nationaliste alors que l'Europe politique est plus que jamais au bord de l'implosion.
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