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Critique de Bookycooky


Subjuguée par la prose de Krasznahorkai, du Japon de l'auteur hongrois, me voici au Nigeria de Chigozie Obioma, noyée dans une prose figurative riche et vivide, dans un tout autre style. Celles ou ceux qui ont lu son magnifique premier livre,”Les pêcheurs” s'en rappèleront.
Ici le roman débute dans un contexte déboussolant, le narrateur étant le « chi » ou l'esprit ange gardien de Nonso notre protagoniste. Il nous raconte les tribulations de ce dernier, qu'il appelle son “hôte”, de sa tribune du monde des esprits, encré dans le monde des mythes cosmiques Igbo, un système complexe de croyances et de traditions qui ont longtemps guidé le peuple Igbo.
Nonso est un jeune aviculteur, dans l'actuel Nigeria. Il vit seul, sa mère est morte en couches alors qu'il était très jeune, son père récemment décédé, sa soeur aux abonnés absents. Il va rencontrer le destin, une nuit, au retour d'un marché, sous la forme d'une femme en pleine tentative de suicide sur un pont. Elle s'appelle Ndali Obialor, futur pharmacienne, elle vient d'un milieu riche et chrétien et va changer le cours de sa vie au grand plaisir ou désarroi de son “chi” et du nôtre, sinon cette histoire n'aurait jamais existé, pour le meilleure et le pire !.....Je ne vous en dirais rien de plus, même pas de référence sur le titre, qui d'ailleurs se révèle rapidement; et essayez d'éviter de lire des critiques trop bavardes, car les surprises sont nombreuses et vaut la peine de n'en rien savoir......

Le Chi ici est vraiment un personnage. Non seulement il est ange gardien ( là j'ai un peu des doutes sur ses capacités 😊), mais aussi fin psychologue 😊, sauf qu'il n'arrive pas à faire grand chose avec ses diagnostiques, qu'il nous énonce catégoriquement sans pouvoir en faire bénéficier son “hôte”. Très frustrant ! Il a aussi une vie sociale, fréquentant les « Chis » des voisins et autres, pouvant ainsi suivre de près les potins du quartier et du monde. J'avoue que suivant les circonstances il peut devenir énervant, très énervant 😊! Ça a l'air tarabiscoté, mais absolument pas, c'est simple et sérieux !
Ici, comme dans Les Pêcheurs, Obioma jongle entre deux mondes, ceux des esprits et ceux des humains par le biais de trois langues parlées de son pays, la langue locale le Igbo, le pidgin ( mélange de l'anglais avec la langue locale) et l'anglais, la langue officielle du Nigeria, celle “ de l'homme blanc “. Le mélange est superbe (v.o.).
Un roman complexe d'amour, de vengeance, de rédemption et de pardon.
Il est en lice pour le prix Man Booker Prize 2019, et sa version française sera publiée chez Buchet-Chastel en janvier 2020. En attendant pour un avant goût, vous conseille de lire son superbe premier livre “Les Pêcheurs “, si non déjà fait. Si non attendez celui-là , et ne passez surtout pas à côté si vous aimez la littérature nigériane. Perso, j'adore, jamais, jamais déçue.

“....every man is a mystery to the world.”
( ...chaque homme est un mystère au monde.)

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