Chinonzo est aviculture, il est passionné par les « oiseaux » depuis l'enfance. Il a perdu sa mère très jeune, alors il a grandi avec son père qui vivait sur sa ferme, avec ses volailles, ses légumes. Quand il était enfant, en accompagnant son père qui voulait absolument trouver des oies sauvages, il en tue une avec son fusil, laissant son oison « en pleurs ». Nonso réussit à convaincre son père d'emmener cet oison pour le soigner.
Mais, cela ne se passera pas très bien, et occasionnera un chagrin quand il le perdra.
Quelques années plus tard, sa petite soeur quitte la maison pour se marier contre l'avis paternel. Nonso travaillait bien à l'école, mais son père meurt et il doit s'occuper de la ferme et les études deviennent moins prioritaires.
Un jour, en revenant d'un marché, où il a acheté un coq blanc et d'autres poules, il voit une jeune fille qui s'apprête à se suicider en sautant d'un pont. Il essaie de l'en dissuader allant même jusqu'à sacrifier son coq blanc pour arrêter son geste.
Il va la revoir et une histoire d'amour commence, mais la jeune femme, Ndali, est étudiante en pharmacie et sa famille est aisée alors il est très mal accueilli, humilié par les parents et le frère de Ndali.
Qu'à cela ne tienne, il va reprendre ses études, pour leur prouver qu'il est quelqu'un de bien et c'est le début de la descente aux enfers : un camarade d'école lui fait miroiter qu'il est plus facile de faire des études à Chypre, dans la partie turque. Il va s'occuper de tout, pour lui obtenir une place à l'université et Nonso va vendre tout ce qu'il possède pour un mirage.
Il va tout perdre, et finira même en prison alors qu'il n'a rien fait de mal. Mais comment se défendre dans un pays dont on ne parle pas la langue et quand tout s'acharne autour de lui.
Ce roman est très particulier : ce qui pourrait être une simple histoire d'amour nous entraîne beaucoup plus loin avec des réflexions sur le poids de la culture, du statut social sur ce couple, l'humiliation, ce qu'on peut faire pour prouver qu'on est quelqu'un de bien devant l'intolérance de l'autre.
Il nous propose aussi une réflexion aussi sur la confiance, sur l'amitié, le pardon, la survie quand on a subi l'innommable, sur la loi de causalité, les conséquences des actes dans cette vie et même dans les précédentes, et aussi sur la rédemption : un ami qui vous a trahi et causé beaucoup de mal peut-il être sincère quand il dit qu'il regrette, car il a trouvé Dieu ? et peut-on lui faire confiance à nouveau.
L'auteur utilise un mode de narration surprenant : c'est le Chi, l'esprit qui s'est réincarné en lui, qui raconte l'histoire, en s'adressant à une sorte d'assemblée des anciens, pour tenter de plaider la cause Chinonzo, en invoquant au passage des « divinités » de la cosmologie Igbo. On ne peut pas parler d'ange gardien, car son Chi se contente d'observer mais n'a pas le droit d'intervenir, seulement de lui souffler des idées pendant son sommeil.
La notion de réincarnation m'est familière, via ma pratique du Bouddhisme (lequel préfère le terme de Transmigration à celui trop galvaudé de réincarnation) mais, c'était beaucoup plus compliqué dans la culture Igbo, car je la connais très mal, pour ne pas dire pas du tout.
Dans ce roman, on est souvent dans la fatalité, il y a peu de libre arbitre pour modifier le destin, peu de prise sur les évènements.
Une scène touchante : les poules pleurent lorsqu'il arrive quelque chose de tragique à leurs congénères, par exemple, quand le héros les met en cage pour aller les vendre, donc les faire mourir…
Malgré ce côté un peu ardu, et les longueurs, les invocations d'entités aux noms bizarres que je n'ai pas réussi à retenir, j'ai aimé ce roman, ainsi que la poésie de l'écriture de
Chigozie Obioma auteur nigérian que je ne connaissais pas du tout. Il m'a donné envie de lire «
Les Pêcheurs » son précédent roman qui a été finaliste du Booker Price.
Je découvre, tout doucement, à mon rythme, la littérature africaine et son mystère me fascine.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Buchet-Chastel qui m'ont permis de découvrir ce roman, que j'ai choisi au départ après avoir lu des critiques intéressantes, et son auteur. La couverture est très belle et le titre est déjà une invitation au voyage.
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