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Critique de elea2020


J'ai suivi avec passion les tribulations du personnage digne et taciturne qu'est Tucker, ce garçon râblé aux yeux vairons à qui il ne faut pas en raconter, qui sait mieux que personne observer, se taire et survivre. le couple qu'il forme avec Rhonda est beau et émouvant, alors même qu'ils n'ont pas eu de chance, que 4 de leurs 6 enfants sont nés différents, avec un handicap physique ou mental, ce à quoi aucun des deux n'était préparé.

Revenu de la guerre de Corée, Tucker retrouve son Kentucky natal, fermement résolu à se fixer dans son lieu d'origine, les collines. Il n'avait pas pour plan de se marier, mais la rencontre avec Rhonda, qu'il a sauvée des entreprises libidineuses de son oncle, le jour de l'enterrement du père de celle-ci, a fait tourner les choses autrement. La vie est dure aux enfants des collines, mais à deux, avec de l'amour, on peut espérer vivre mieux.

Tucker s'est trouvé une activité pour faire vivre sa famille, quoique illégale, en livrant de l'alcool de contrebande pour le bootlegger Beanpole, un homme dur en affaires, qui respecte ce jeune vétéran pour son sens de l'honneur. Rhonda a élevé ses enfants, les soignant bien, les gardant toujours propres, mais avec le temps elle a plongé dans la dépression, dévastée par la naissance de ces bébés différents, sans que les médecins puissent comprendre d'où cela venait. Ils les aiment, leurs bébés, et leur famille est tout pour eux. C'est là qu'ils en sont lorsque les choses se compliquent singulièrement pour Tucker, qui va devoir prendre une décision douloureuse afin de se sortir d'un mauvais pas et de préserver un avenir pour eux tous...

J'ai été transportée par la lecture de ce roman, transcendé par la proximité de la nature, et par une philosophie profondément humaine. Les hommes, leurs affaires, la chance ou la malchance, le sens de la survie dans un monde qui ne fait pas de cadeaux aux gens de peu, tout ceci forme une trame dense et rondement menée, avec une écriture aussi nette et ciselée que la lumière du soleil dans les feuillages, par une belle journée d'été dans la forêt. Souvent l'évocation des plantes ou des oiseaux, précisément observés et nommés, fait écho aux sentiments de Tucker, sans qu'il les exprime. Les motifs récurrents, même s'ils paraissent d'infimes détails, se rassemblent savamment pour nous désigner sans bruit ce qui est important. L'âme des collines se glisse en nous dans l'espace de cette lecture, et nous aimerions encore une nuit à la belle étoile dans les Appalaches.

J'ai lu que ce roman était sombre, mais sans doute parce que la vie est sombre quand on est né du mauvais côté de la société américaine... le mérite qui vous revient alors de rester humain, de faire vivre l'amour à travers l'adversité, l'absence, est d'autant plus fort, comme le sont les retrouvailles entre un fils de six ans qui ne connaît pas son père, et un père de trente ans qui sait être juste le père qu'il faut, attentif, patient, répondant aux questions, toujours prêt à enseigner les astuces pour s'occuper et s'en sortir dans la nature.

Bref, c'est un coup de coeur, il est difficile de sortir de cette lecture.
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