AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de kuroineko


Résidant en Meuse, toute proche, un titre comme Un Japonais en Haute-Marne ne pouvait que titiller ma curiosité. le Japonais en question s'appelle Ogino Masahiro (rien à voir avec la méthode de contraception... du moins, je ne crois pas). Il est anthropologue et enseigne dans une université nippone. Il a notamment travailler sur le tremblement de terre à Kobe en 1995.
Qu'est-il venu se perdre dans la campagne haut-marnaise, dans ces conditions? Il vient y étudier la vie contemporaine des villages de la région. Il adopte plus particulièrement l'angle du rapport entre le corps social et l'espace géographique, ainsi que son évolution et l'impact de la modernisation dessus. Ces réflexions menées sur le territoire haut-marnais amène Ogino Masahiro à repenser son Japon natal et sa ruralité dans une urbanisation intense.

Loin d'être un essai rébarbatif et compliqué, on suit dans cet opuscule l'auteur dans une pérégrination réflexive où réminiscences et comparaisons apportent des éléments à son raisonnement. L'auteur explique que "le rôle du sociologue et de l'anthropologue consiste à expliciter et donner sens au savoir quotidien et implicite".

Il aborde ainsi les prémices de l'industrialisation via les hauts fourneaux de la fonte d'art, le silence des villages, les concepts de socialités et de communautés ainsi que tout ce qu'ils  sous-tendent. Ici l'approche se fait davantage sociologique et, partant de ses observations, Ogino Masahiro arrive à une théorisation de ses constats. Il met d'ailleurs en exergue des points de concordance entre les systèmes communautaires des villages français et japonais. D'où une intéressante réflexion sur un universalisme humain.

Le dernier chapitre offre d'ailleurs une autre vision de l'universalisme. S'intéressant à la notion japonaise de "kawaii" (mignon, doux) qu'il retrouve chez une adolescente de Haute-Marne, Ogino Masahiro établit une uniformisation sociale via la société de consommation dans laquelle cette état n'est plus un moyen mais une fin en soi. Pour reprendre Descartes, on peut résumer cela en une maxime "Je consomme, donc je suis" (amère constatation, à mon avis).

Si cet ouvrage n'est pas forcément indispensable à toute personne curieuse au sujet du Japon, de la sociologie (ou de la Haute-Marne), il n'en reste pas moins plein de qualités et d'intérêts. Il m'a apporté diverses connaissances et surtout matière à réflexion sur les constantes et les évolutions sociales, sur les rapprochements et les divergences à-travers espace et temps.
Commenter  J’apprécie          50



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}