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Critique de DragonLyre


Shoya Ishida, un lycéen de terminale, se présente dans un établissement qui n'est pas le sien et demande à voir Shoko, une ancienne camarade de classe. Quand il finit par la trouver, cette dernière se fige et finit par s'enfuir. Yoshitoki OIMA revient alors six ans en arrière pour nous expliquer le pourquoi du comment et nous permettre de mieux appréhender la situation présente. Ce flashback tiendra jusqu'au bout de ce premier tome, qui se révèle par là-même assez introductif. L'intrigue et le rythme sont bien gérés, le crayon aussi léger et soigné que l'ambiance se fait pesante et révoltante.

Shoya est un garçon turbulent, casse-cou et insolent. Il n'hésite pas à entraîner ses meilleurs amis dans des jeux parfois dangereux pour lutter contre l'ennui. Il recherche sans arrêt le grand frisson et semble aimer attirer l'attention sur lui. Dans la vie, sans être riche, il ne manque pourtant de rien. Sa mère est ouverte et sympathique, mais je l'ai parfois trouvée assez laxiste. Sa fille couche à droite à gauche, son fils se met en danger et ne tire jamais la moindre leçon de ses erreurs, et elle les gronde deux minutes... mais difficile de la prendre au sérieux avec ce demi-sourire accroché au bout des lèvres. Une maman bien intentionnée, mais sûrement un peu trop gentille...

Brimée dans son ancienne école à cause de son handicap, Shoko arrive dans la classe de CM2 de Shoya dans l'espoir de prendre un nouveau départ dans sa scolarité comme dans la vie en général. La fillette se montre dès le départ très attachante. Timide et renfermée, elle fait tout de même l'effort d'aller vers les autres et tente de leur faire comprendre en quoi sa différence n'en est dans le fond pas vraiment une. Elle reste souriante malgré les incivilités qu'elle subit et veut croire qu'elle a sa place parmi ses autres camarades.

Au début, tout va bien. Deux-trois filles de la classe se dévouent pour l'aider à suivre les cours, mais elles vont finir par se lasser des efforts à prodiguer. Elles vont progressivement lui tourner le dos et prendre part au cirque de Shoya qui décide de tester les limites du handicap de Shoko. Leurs petits jeux se font de plus en plus mesquins et sournois, et plus Shoko endure avec le sourire, plus Shoya décide de surenchérir dans l'unique but de la faire réagir. N'obtenant pas ce qu'il désire, il en vient à la violence physique. On ne peut que déplorer le manque de cohérence au sein du corps enseignant alors qu'ils devraient être les premiers à montrer l'exemple : si certains font de réels efforts pour intégrer Shoko, d'autres montrent rapidement leur agacement.

Yoshitoki OIMA retranscrit très bien les mécanismes du harcèlement scolaire, mais ce qui m'a le plus épaté dans A Silent Voice, c'est cette capacité qu'elle a à nous projeter à la fois dans le coeur de l'ijime et dans celui de son bourreau. C'est l'histoire d'un arroseur arrosé dont je n'ai pourtant pas su me réjouir. Shoya ne paraît pas être foncièrement mauvais, et j'ai eu d'autant plus de mal à comprendre son acharnement. Je ne peux m'empêcher de penser qu'avec un meilleur encadrement, il aurait mieux compris ce que vivait Shoko et ne se serait pas montré aussi idiot et insensible. Hypothèse renforcée par son désir de la retrouver six ans plus tard. J'ai hâte de lire la suite, de voir Shoya s'expliquer, de découvrir qui il est réellement derrière ses airs bravaches. Ce premier tome est lourd, sombre, on se sent impuissant, on voudrait distribuer des claques à tour de bras... mais avec A Silent Voice, la mangaka nous réserve probablement une formidable leçon de vie et une émouvante histoire de rédemption.
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
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