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Critique de Zoe


Zoe
19 septembre 2010
Yumi a 22 ans et vit à Tokyo. Elle est employée de bureau le jour, se prostitue le soir, et rêve d'épouser un homme riche. Elle rencontre Haruo, qui est étudiant et gigolo, et rêve de devenir écrivain. Yumi a pour animal de compagnie un énorme crocodile, auquel il faut ses 10kgs de viande par jour, ce qui justifie sa deuxième activité. Ce Croco apporte au quotidien banal de la jeune fille son lot d'étrangeté, de fantaisie et de scènes burlesques.
Pink est composé de 20 parties, qui ont chacune leur unité, probablement comme les épisodes du feuilleton qui a précédé l'album. Mais il n'y a pas vraiment de composition. L'histoire semble improvisée au fur et à mesure par l'auteur jusqu'à une fin assez brutale et surprenante. Les dessins ne sont pas très sophistiqués. Parfois ce sont simplement des visages sur fond blanc ou noir. Les expressions ne sont pas très recherchées non plus. Ah la petite goutte de sueur qui perle un peu trop fréquemment sur les visages de protagonistes pour dire tantôt la peur, tantôt l'angoisse, ou la contrariété, ou encore la colère ! Et pourtant l'ensemble a un charme fou.
Le charme de ce manga tient certainement beaucoup au mélange des genres, au ton qui passe de l'humour à la mélancolie, du burlesque au drame. le personnage de Yumi est lui-même contrasté. C'est une jeune fille d'aujourd'hui qui assume ses choix, mais qui comme tout un chacun a aussi à se dépatouiller avec sa part d'ombre. Parfois elle repense à cette phrase, que lui disait sa mère : « Si tu n'es pas heureuse, il vaut mieux mourir. » Alors Yumi se débat pour parvenir à mener une vie heureuse.
Dans la postface, Kyôko Okazaki insiste sur la critique du capitalisme qui sous-tend ce manga et elle cite cette phrase de Godard : « le travail n'est que prostitution. » Mais ce qui frappe surtout dans Pink, c'est sa liberté de ton, son héroïne moins conformiste que beaucoup de personnages de mangas pour jeunes filles, et la manière qu'a Kyôko Okazaki de dessiner les corps. Sans vulgarité, sans exhibitionnisme outrancier, mais aussi sans excès de pudibonderie, elle parvient à dessiner les scènes sexuelles avec délicatesse et simplicité.
Ce manga a été traduit en français 18 ans après sa parution au Japon. Il ne nous paraît donc certainement pas aussi novateur qu'il l'était. Il a pourtant influencé les dessinateurs de manga de la génération suivante, comme notamment Kiriko Nananan qui revendique volontiers cette filiation.
Lien : http://deambulla.wordpress.c..
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