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Critique de Matavem


Ben Okri est un romancier nigérien né en 1959. Ce roman de 640 pages raconte la vie d'Azaro, un enfant-esprit né au Nigeria, un de ces enfants qui viennent au monde et en repartent selon un cycle régulier qui leur permet de fuir la dureté de la vie. Pour ce fils unique d'un père orgueilleux qui gagne difficilement sa vie en portant des sacs de ciment et d'une mère qui est marchande ambulante, il connaît une vie faite de douleur et d'épreuves dans le ghetto-bidonville où ils habitent tous les trois dans une pièce unique dont ils ont bien du mal à payer le loyer. Azaro se maintient en vie et découvre la réalité du monde, à travers les yeux d'un photographe, dans le bar de Madame Koto qui vend la soupe au poivre, le vin de palme et invite souvent de nombreux esprits inquiétants qui veulent enlever ou tuer l'enfant.
Nous sommes pris dans une ronde magique et bouleversante où se mêlent sans cesse rêve et réalité. Il y a de quoi se perdre dans ce récit d'une enfance pauvre mais fantastique où Azaro navigue entre les mondes visible et invisible, où les éléments réagissent comme des êtres vivants doués de parole et de désir, où les humains se confrontent aux ancêtres, comme son père qui, après s'être longuement entraîné et préparé, gagne un combat de boxe avec le revenant d'un grand boxeur, décédé depuis longtemps. Description juste et foisonnante d'une Afrique déchirée entre son passé et son présent, la tradition et la modernité, ses convoitises et ses croyances, ses partis politiques, ses comportements outranciers, mais aussi son goût du merveilleux imbriqué dans le quotidien et le familier, sa capacité à personnifier tout élément naturel ou non. Car même la route se transformera en vieil homme affamé, même la pluie, le vent, les arbres de la forêt toute proche détiennent des messages de paix ou d'horreur, et Azaro, battu presque à mort par son père, et qui ne revient à la conscience que trois jours plus tard, sera sur le point de retourner dans le monde des esprits.
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