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Critique de mylena


Ce livre m'a énormément surpris. Je ne m'attendais pas à un roman centré sur la boulimie et l'anorexie. C'est un roman qui dérange, bouscule, oblige à sortir de sa zone de confort. En plus il est parfois très cru, ou plutôt très réaliste. Il est quasiment impossible de s'identifier aux personnages, en particulier à la mère, Katarina, qu'il est très difficile de comprendre. Quand au père ...
Le récit est construit en chapitres courts, alternant les épisodes de la vie d'Anna et de Katarina, l'histoire se révèle par fragments, pas toujours ordonnés. Anna nous livre les pièces d'un puzzle dans l'ordre où elle les découvre et cela nous donne trois lignes temporelles : l'histoire d'Anna en Finlande dans les années 90, l'histoire de Katarina, sa mère, dans les années 70 en Estonie soviétique puis en Finlande, où elle a suivi son mari, l'histoire de la génération précédente dans les années 40 en Estonie (envahie en juin 40 par l'URSS, en 41 par la Wehrmacht accueillie en libératrice, puis intégrée en 44 à l'URSS).
La mère apprend l'estonien à sa fille, l'amène régulièrement en Estonie, mais en Finlande, lui interdit de mentionner son origine estonienne, lui inculquant la honte qu'elle éprouve elle-même. Cette famille est totalement dysfonctionnelle, entre le père, souvent absent, qui travaille loin en URSS et mène une double vie (père qui n'est jamais nommé dans tout le roman que « le père », « le finlandais », « le renne »…) et la mère qui ne s'intègre pas, ne se lie avec personne, par peur des services secrets (KGB et équivalent finlandais). Pas étonnant qu'Anna se sente traumatisée, sans identité, apatride, et même pire, car en général un apatride n'est pas un cas isolé, mais fait partie d'une catégorie de personne.
Quand à la fin, on a comprit ce qui a mené la mère à être une mère si dysfonctionnelle, il reste difficile d'admettre qu'elle ait pu avoir un tel comportement : peut-on pardonner un parent toxique même si on le comprend ?
Car le résultat, c'est cette enfant devenue adulte, nostalgique d'un pays qu'elle ne peut plus retrouver et sans compatriote. Jusqu'à ce qu'elle rencontre Vilen, et qu'elle découvre qu'elle n'est pas seule à se sentir de ce pays qui n'existe plus. Et elle comprend, elle se comprend. Pas étonnant que les passages les plus intéressants du roman soient ceux qui racontent l'Estonie des années 70-80 !
La fin du livre est ouverte, Anna semble aller plutôt de mieux en mieux, même s'il lui reste du chemin à parcourir.
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