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Critique de Carolina78


« Il naît chaque jour des soldats et des médecins, mais pas des poètes ni des linguistes », marque le discours d'ouverture d'un des nombreux colloques internationaux sur les langues minoritaires en voie de disparition, où assiste Alba, en tant que linguiste renommée.

Ces colloques se déroulent dans des villages isolés, partout dans le monde. Je vous laisse calculer le bilan carbone !

L'intérêt c'est que chaque participant puisse intervenir dans sa propre langue (minoritaire), mais comment mettre en place un réseau de traductions simultanées ? Mission impossible, les interventions sont donc traduites en anglais et projetées sur la l'écran de la salle de conférence (l'auberge locale), ce qui forcément fait grincer un grand nombre de puristes !

Alba est dévorée par un sentiment de culpabilité.

Sourde aux mises en garde de son entourage, insensible aux retombées professionnelles ou sociales, elle démissionne de son poste et achète une maison dans un grand terrain vague au fin fond de la campagne. Elle décide de compenser son empreinte carbone en plantant des arbres.

Elle arrive dans ce petit village lambda. Elle se débarrasse de tous ses ouvrages savants de linguistique et les donne à Hakon, le patron du bazar, quincaillerie, brocante, qui les propose à la vente. Curieusement, ils vont partir comme des petits pains, les villageois en redemandent ! Alba va se charger bénévolement de leur enseigner la linguistique.

Notre planète se meurt. À partir de ce constat amer, Auður Ava Ólafsdóttir bâtit une pastorale islandaise où elle distille des notes d'espoir.

J'ai écouté une interview d'elle, que j'ai mise en ligne. Elle parle très bien français, avec un très joli accent, car elle a étudié l'histoire de l'art à la Sorbonne.

Elle a déclaré que les français sont particulièrement pessimistes, contrairement aux islandais.

La journaliste a voulu souligner le rapprochement entre « Éden » et « Il faut cultiver notre jardin » (précepte célèbre, mots de la fin de « Candide », Voltaire), mais Auður Ava Ólafsdóttir l'a arrêtée en décrétant que les français étaient trop dans l'abstraction.

Elle milite pour défendre l'islandais, qui est une langue minoritaire menacée de disparition – on ne compte que 350 000 islandais. On trouve dans Éden de nombreux mots islandais avec leurs racines et leurs déclinaisons.

Auður Ava Ólafsdóttir veut nous communiquer son amour de l'islandais. Elle a tenu lors de son interview à lire un passage d'Éden en version originale. Cette langue exotique a des résonances poétiques, malheureusement elle m'est totalement hermétique.

J'aime beaucoup la tournure d'esprit d'Auður Ava Ólafsdóttir. J'ai fini ma lecture, détendue, sereine, oublieuse des maux d'ici-bas.
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