AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de christinebeausson


Nous sommes l'hiver 67-68 en Finlande au milieu de rien du tout, ne croyez pas que le printemps 68 sera une rupture dans la société, "matérialisant l'abandon de l'ordre ancien séculaire marqué par le poids de l'autorité, de la famille, de la morale et de la religion, et l'avènement de la société post-moderne,"
Non, nous sommes dans un autre siècle 1867-1868 !

Où sommes nous ?
Sur une route entre l'Ostrobotni
(nom d'une région côtière de l'ouest, la seule de Finlande métropolitaine à comporter une majorité de suédophones.) et Saint Petersbourg ( la Finlande fut jusqu'au début du XIXe siècle, une partie du Royaume de Suède. Elle passa sous la souveraineté de la Russie de 1809 à 1917),
pour certains,
pour d'autres à Helsinki, où un sénateur se bat contre lui même, avec ses souvenirs si douloureux, et avec ses collaborateurs contre ce gouvernement "qui conduit la voiture de l'état avec la légèreté d'un voyou sur un sentier de village ostrobotnien".
Ces années là, en Finlande a eu lieu la dernière grande famine ayant des causes naturelles en Europe, une grande catastrophe nationale où 8% de la population finlandaise meurt de faim et jusqu'à 20% dans certaines zones.

Comment en est on arrivé là ?
Merci madame Wikipedia de nous rappeler la situation :
"Les années précédentes, notamment en 1862, certaines parties du pays ont souffert de mauvaises récoltes . L'été 1866 est très pluvieux, et les cultures de base sont insuffisantes. L'hiver suivant est dur, et le printemps en retard. Dans de nombreux endroits, les lacs et les rivières restent gelés jusqu'en juin. Après un milieu d'été prometteur, le gel du 3 septembre ravagent presque complètement les grains immatures surtout dans le nord. D'autres nuits glaciales ravageront le reste des récoltes. La récolte de pommes de terre est détruite par les fortes pluies d'automne.
À l'automne 1867, les gens meurent par milliers. le gouvernement du Grand-Duché de Finlande est mal préparé pour faire face à une crise d'une telle ampleur. Il n'y a pas d'argent disponible pour importer de la nourriture, et le gouvernement est lent à reconnaître la gravité de la situation."
Peur de l'emprunt, peur d'un écroulement du mark finlandais,
Et, pratique de la distillation domestique d'alcool (les paysans gagnaient plus à distiller l'alcool qu'à vendre les céréales pour en faire de la farine).
À la fin de 1867, la crise a éclaté, le prix des céréales a augmenté en Europe. Et comme il est très difficile de transporter le peu d'aide pouvant être rassemblée dans un pays avec de mauvais moyens de transport. La famine a sévi.

Ce roman nous fait vivre cet épisode de l'intérieur.
Manger des pains de foin,
Boire de la neige pour éponger sa soif,
Grignoter des bouts de bois pour tromper sa faim.
Qu'une femme ne sache pas où elle a laissé le corps de sa fille,
Qu'elle n'ait pas inscrit le nom de sa fille sur le livre de vie !

Il faut s'habituer aux noms pas forcément facile, les lieux, Vääräjärvi ou Katajanokka
oui peut être et il y a déjà eu les noms,
Juhani, Mataleena, Marja et Juho....
Il faut s'armer de courage, enfiler une armure pour ne pas hurler au désespoir de voir jour après jour, un peuple condamné à écosser les arbres pour en faire du pain.
Les mots de Aki sont glaçants mais les phrases parviennent toujours à nous faire voir l'envers du décor, comment la vie continue, car la vie gagne toujours, pas les individus certes mais la vie oui !
Et puis il y certains jours où nous plongeons en pensant qu'on ne remontera pas, mais souvent on se met à nager, et si ce n'est pas nous c'est nos enfants.
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}