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Critique de Clakkos


Critique rédigée par Mikael Cabon sur le site http://http://www.mgrb.org/ pour le comité de lecture brestois : MAUVAIS GENRE RADE DE BREST

Le jeune mage Débyan est en fuite. Sur un coup de tête, il a quitté l'école de magie de Bercigore où il suivait sa formation depuis sa plus tendre enfance. Or, cette disparition n'est pas du goût de l'archimage Bolzoc qui mettra tout en oeuvre pour retrouver la trace de l'apprenti magicien. Pour survivre dans les contrées malfamées qu'il devra traverser, celui-ci saura s'entourer de précieux alliés, à commencer par Broncos, un colosse bien plus futé que ses allures de « mastard » ne le laissent paraître. Ensemble, les deux compères gagneront leur indépendance, iront à la rencontre de nouveaux peuples et apprendront, en somme, à vivre...

Une excellente surprise que ce livre. Ayant manifestement choisi délibérément la voie de l'auto-édition, par conviction plutôt que par dépit, Joël Ollivier semble se délecter de son indépendance, en s'offrant au passage le luxe d'un très bel objet avec des cartes en couleur (s'il vous plaît !) sur les pages intérieures de couverture. Usant d'une liberté de ton surprenante, il prend un malin plaisir à parsemer son roman de petites notes de bas de page qui sont autant de pied de nez à l'édition traditionnelle. Drôles, décalées et parfaitement inutiles — mais l'auteur assume ! — ces notes n'auraient certainement pas survécu au stylo rouge de la relecture chez un éditeur ! Pas plus que n'auraient résisté les petites blagues et libertés stylistiques — allant jusqu'au régionalisme : qui, à part un Finistérien, comprendra pourquoi Broncos s'écrie « Hopala ! » à tout bout de champ ? — qui truffent ce récit et lui donnent un ton si personnel, si réjouissant : « Hopala ! Pour ce qui est de nager, je veux bien, reprit le géant avec le sourire typique de celui qui se prépare fièrement à sortir une grosse connerie. Mais ce serait dommage de gâcher toute cette ruse que nous avons déployée pour égarer nos poursuivants, à mon signal tout le monde devra donc nager en marche arrière ! » (p. 137).

L'intrigue a ceci de particulier qu'il faut attendre le dernier chapitre pour savoir de quoi il retourne exactement. Débyan est en fuite, c'est un fait acquis, mais pourquoi ? Mystère ! L'on se délecte donc des diverses péripéties rencontrées par les héros dans leur course en avant, en attendant d'en savoir plus. C'est drôle, rythmé, enlevé... et plein de personnages attachants, qui plus est ! le personnage de Broncos, brute épaisse au coeur tendre doublé d'un ami loyal, est particulièrement réussi. le jeune Débyan semble un peu en retrait pendant toute l'aventure, mais l'on découvre pourquoi à la fin.

A noter aussi un comique de situation imparable : l'utilisation de la magie est tellement épuisante pour les mages que ceux-ci sont obligés de s'accompagner de « mastards », des colosses écervelés mais tapant fort, pour les protéger et accessoirement... les porter sur leur dos ou dans les bras après une séance de lévitation ou de télékinésie qui les laisse amorphes et sans énergie. L'on se débrouillerait parfois bien mieux sans magie !

Enfin, l'on sent poindre également une réflexion sur l'isolationnisme, chaque peuple vivant replié sur lui-même, dans une crainte permanente de l'autre, de l'inconnu, dressant d'immenses barrières pour s'abriter chez soi ou au contraire cantonner l'étranger à son territoire. L'on attend donc d'en apprendre un peu plus dans les prochains tomes sur ce monde qui s'annonce d'ores et déjà très riche.

A signaler pour terminer que ce roman peut être téléchargé gratuitement (sous licence Creative Commons) sur le site Internet consacré par Joël Ollivier à son Cycle d'Alimar. En quatrième de couverture, l'auteur annonce la couleur : « Ecrire ce roman m'a demandé pas mal de temps et d'énergie. Cependant, au-delà du plaisir personnel de tenir dans mes mains la matérialisation de mes efforts, j'espère que ce roman permettra de créer un espace d'échange et de discussion, si modeste soit-il. » Tout un programme.
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