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Critique de lafilledepassage


Je n'ai pas du tout aimé ce roman. Pourtant, il était, avec ce titre alléchant, plein de promesses.

L'écriture, d'abord, totalement dépourvue d'émotion. Les débuts larmoyants – ces plaintes interminables et toujours sur le même ton m'ont très vite irritée - et tellement creux qu'il était difficile d'y croire … J'ai été gagnée par une impression de vide qui s'est confirmée quelques pages plus loin où l'auteur nous gratifie – ô toi pauvre lecteur ignare - de ses connaissances en étymologie, en mythologie et en littérature antique, le tout arrosé (ou plutôt noyé) de citations latines et grecques, d'extraits de l'Iliade ou de l'Odyssée (tant qu'à faire) et agrémenté de propos sur le dernier designer à la mode et sur les curiosités touristiques de la côte amalfitaine et des iles espagnoles …

Que de science déployée pour noyer le poisson, pour jeter de la poudre aux yeux et masquer ainsi le manque de cohérence de cette histoire, l'absence d'imagination et la pauvreté du style.

Reprenons dans l'ordre. le manque de cohérence: le roman s'ouvre sur les souvenirs du protagoniste qui ne pense qu'aux cendres de l'être aimé flottant sur l'eau. Plus loin, il sera fait plusieurs fois allusion à la noyade dudit être aimé. Alors quoi ? Noyade ou pas ? Ensuite le choix des prénoms. Un détail, me direz-vous ? Oui, peut-être mais quand on prétend faire du merveilleux, on fait attention aux mots, aux images, aux couleurs, car derrière eux ce sont les leviers inconscients de la symbolique qu'on actionne (et combien hyperpuissants, demandez aux publicitaires et aux dictateurs ce qu'ils pensent de la symbolique … ). Alors donc ces prénoms : Paz pour l'être aimé disparu, qui visiblement était loin d'être quelqu'un d'apaisé … un comble, quand même. Et puis Nana comme prénom pour l'héroïne, cette jeune fée, belle, intelligente, riche et bienveillante. Nana, vraiment ? N'y avait-il pas d'autre possibilité ? Malgré la tonne de connaissances accumulée, l'auteur n'y a trouvé que ce diminutif passe-partout (et que je trouve très réducteur) ?

L'absence d'imagination : résumer l'Italie à la mer bleue, à l'odeur de basilic, de romarin et de thym (plusieurs fois citée dans le roman d'ailleurs …), à la saveur de l'huile d'olive sur les tomates mozzarella et aux espressos, c'est d'une triste banalité … Comparer les nuages à des particules de mousse à raser qui flottent dans l'eau bleue d'un lavabo géant est à désespérer de la poésie. Et j'en passe et des meilleures … La seule note d'originalité, la toute fin, tombe malheureusement comme un soufflé, pâtissant de la médiocrité de l'ensemble. Et on en ressort encore plus déçu.

Le style enfin … Quand je lis que le sculpteur avait installé une table avec son tour de potier environné (oui, environné … qui parle comme ça aujourd'hui ? qui écrit comme ça ?) de pots de peinture, j'ai du mal à retenir un bâillement. Quand ensuite l'auteur parle du formidable progrès technologique auquel nous avons assisté ces dernières années, les yeux me picotent. Et quand je l'entends au loin jubiler de son sens de la formule (« Je ne mets pas fin à mes jours, je mets fin à une longue nuit») et de ses bons mots (« je sais ce qu'elle aurait dit devant ce plat. Elle n'aurait rien dit » et «Je n'ai pas à faire attention à celle qui m'accompagne puisque personne ne m'accompagne » méritent une place de choix dans l'anthologie de la littérature à deux balles, je crois) le livre me tombe des mains et non, décidément, je ne crois plus ni au merveilleux …. ni à Gallimard …
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