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Critique de Blok


On néglige trop en France les littératures policières méditerranéennes, que ce soit l'italienne ou l'espagnole, au profit des littératures scandinaves, auxquelles on fait beaucoup trop d'honneur.
Avec son Port Secret, Maria Oruna rejoint la liste des bons, et je dirais même très bon, auteurs de polars espagnols. Publié en Espagne en 2015, et traduit en français seulement en 2020, elle inagure une trilogie (en atteandant le suite)
Comme c'est maintenant souvent le cas, ces trois ouvrages mettent en scène des personnages récurrent, et s'inscrivent dans une suite chronologique. Aussi, et bien que cela ne soit pas indispensable, il est préférable de lire ces volumes dans leur ordre de parution, ou au moins de commencer par le Port Secret, en se réservant de lire la suite, si affinités.
Sur le livre, il s'agit d'un police procedural : l'enquête est menée par la police, comme dans la vraie vie, et les enquêteurs paraissent (je ne connais pas la procédure pénale espagnole, qui semblent cependant assez proche de la française) suivre les règles légales ; ils travaillent sous l'autorité du procureur et du juge d'instruction ; ce ne sont pas des cow boys comme souvent hélas dans les romans français. Notons que certains des personnages sont torturés par de lourds secrets issus de leur passé, comme il est maintenant de règle dans le roman noir, mais sans excès ; et même...(spoil évité de justesse)
L'intrigue en revanche est originale et menée subtilement ; deux lignes narratives s'entremêlent :
-l'une qui suit dans ses heurs et surtout malheurs une famille ouvrière du début de la guerre civile aux premières années du pouvoir franquiste et au-delà, dont une bonne part est constituée par le journal d'un mystérieux diariste, qui s'adresse à un lecteur futur tout aussi mystérieux
-et l'autre contemporaine, émanant d'un « narrateur omniscient » qui suit les péripéties de l'enquête sur les meurtres (naturellement qu'il y en a) et la vie personnelle des enquêteurs, qui, comme souvent, n'est pas la partie la moins intéressante du livre. Les deux lignes narratives se répondent, elles sont reliées par les meurtres et fusionnent à la fin, qui n'est pas tout à fait inattendue, une piste explicative apparaissent aux deux tiers du livre ; je n'en dirai pas plus.
Il n'y a pas d'invraisemblances, il est cependant amusant de noter qu l'intrigue repose en partie sur des filiations cachées que l'on découvre à la fin, comme dans un bon vieux roman feuilleton du XIXème siècle.
Le livre est bien écrit, et contient des description inspirées de la côte cantabrique, à laquelle il est ce que l'Île des âmes de Pier Giorgio Pulixi est à la Sardaigne, à laquelle est cependant bien supérieur, tant le livre de Pulixi est gâché par ses incroyables invraisemblances.
Je ne résiste pas au plaisir de signaler une petite erreur : le revolver de calibre 38 qui est l'arme de l'un des crimes, se transforme mystérieusement en calibre 22. Et l'un des policiers émet l'hypothèse que l'arme était dotée d'un silencieux, ignorant apparemment que cet accessoire ne peut réduire le bruit de la détonation d'un revolver pour des raisons techniques.
Bon, je sais, vous n'en avez rien à faire, je suis toujours à chercher la petite bête, mais ça m'amuse
Ah, tant que j'y suis : une erreur sur le Concile de Nicee. Il n'a absolument pas affirmé que le Christ avait été créé par Dieu le Père mais qu'il était "le fils unique du Père, engendré non pas créé, né du Père avant tous les siècles et par lui tout a été fait". Quand au Saint Esprit "il procède du Père et du Fils". Cette dernière formule, le "Filioque", n'a jamais été acceptée par les Églises d'Orient et est l'une des causes du schisme
Le but de Constantin en convoquant le Concile, était bien d'aboutir à une condamnation de l'arianisme qui niait la nature divine du Christ. Ce qui n'a pas empêché que l'Empereur ait sans doute reçu le baptême d'un évêque arien
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