Gens de lettres, écrivains et bohèmes : L'imaginaire littéraire, 1630-1900

Seuls l'éloignement temporel, la réduction du XVIIe siècle au classicisme par la tradition d'un enseignement qui pense la littérature en siècles aux coupures nettes et en écoles étanches, comme si le mouvement esthétique se laissait mettre au carreau, peuvent permettre d'imaginer les hommes de lettres, les "sçavans" comme l'on disait alors, les honnêtes gens et les beaux esprits rangés en bataillons serrés prêts pour la parade. Cet imaginaire tout primaire du Grand Siècle a la géométrie d'un jardin à la française: pas un vers qui dépasse l'ordonnance imposée par un supposé ordre académique, pas un mot mal dit ou prononcé trop haut, pas un esprit indépendant, c'est-à-dire, croit-on, pas un esprit libre. Pour un peu on imaginerait Boileau, théoricien tardif, devenu le flic des lettres comme d'autres le sont des carrefours, régentant un parterre d'écrivains...