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Critique de Enroute


Ce sont des études détaillant des modes de gouvernance de ressources par un collectif (forêt, irrigation, pêche). La longue introduction à ce travail passe par la présentation du contexte intellectuel depuis lequel il est mené : des "fictions", ou "petites histoires", qui semblent faire office d'autorité. Ainsi le "dilemme du prisonnier", prétend établir de manière indubitable que des personnes ne peuvent pas s'entendre à établir des résultats bénéfiques collectivement : la "logique de l'action collective" d'Olson démontrerait que lorsque l'intérêt commun est décrété comme politique, chacun croit en effet, et à tort, qu'il l'est. le Léviathan de Hobbes (une autorité tierce qui prive les membres de la communauté de leur liberté pour établir leur coordination) serait la solution unique. Ou encore des histoires d'éleveurs qui doivent indépendamment les uns des autres décider de ce qui est le meilleur pour leurs moutons - et ce qui mène à la dégradation irrémédiable du champs alloué. Démonstration : la coordination d'individus en dehors de la politique et de règles imposées serait impossible et mènerait à la ruine de chacun. Les individus sont incapables de gérer collectivement les ressources. C'est là qu'Ostrom suggère que ce puisse ne pas être une pensée définitive et systématiquement applicable. En effet, raisonner sur la base des conclusions de ces "petites histoires", qu'elle appelle des "métaphores" pourrait, selon elle, limiter la pensée...

Ostrom recommande plutôt que d'en rester à ces "expériences de pensée" ou "cas d'école simplistes" (c'est mon vocabulaire, pas le sien, elle est beaucoup plus cauteleuse) de s'intéresser à ce qui se produit dans la véritable réalité vraie : et c'est pourquoi elle détaille ensuite des cas réels tels qu'ils se sont produits en différents endroits de la planète.

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Ce qui m'a paru intéressant dans ce livre est l'impression qu'il donne que le mouvement de pensée réducteur qu'elle dénonce dans la première partie est, dans l'environnement où elle s'exprime, majoritaire : les principes politiques y seraient majoritairement établis depuis ces "fables" simplistes. Et ce serait pour contredire ces déviances aberrantes qu'elle se serait intéressée à la notion de "communs" et qu'elle aurait oeuvré à la développer.

Ces raisonnements par "image" et "fiction" de l'économiste dont elle présente quatre ou cinq réalisations, c'est précisément ce qu'Antonin Pottier dénonce dans les négociations de lutte contre le réchauffement climatique dans Comment les économistes réchauffent la planète.

À confirmer, mais j'avais déjà, pour ma part, relevé que, dans d'autres domaines (Chomsky en sociologie, Pavel en littérature, peut-être Rawls en philosophie politique), des théoriciens développent des pensées qui paraissent davantage reposer sur la tentative, par la contestation de pensées réductrices établies comme majoritaires, d'insinuer des argumentations en faveur de l'ouverture d'esprit et de raisonnement fondés sur des réalités plutôt que des inventions littéraires.

Si tel est le cas, cela, naturellement, dévalorise d'une certaine manière la portée des réflexions portées, sinon en ce qu'elles autorisent à créer un lien avec celles, antagonistes, qu'elles contestent et celles qui peuvent se tenir dans des environnements culturels moins prompts à favoriser la métaphore, l'image, le bon sens, l'évidence et les mécanismes simples produits par des esprits incapables de produire des logiques autrement qu'à partir de données limitées. À confirmer.
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