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Critique de MaximeCochard


Peut-être le livre le plus épais que j'aie lu, et pourtant assez rapidement (pour moi) et avec plaisir. Un vif regret, que je n'avais pas compris en l'achetant : il s'arrête en 1941, et n'inclut donc absolument pas ce qui fait la célébrité de la bataille de Russie, à savoir Stalingrad.

Première fois que je lis un ouvrage de stratégie « polémologique », avec récit détaillé à l'extrême des batailles, des mouvements de troupes, noms des officiers impliqués, description minutieuse des matériels, etc. le résultat est tout à fait passionnant. D'autant que l'ouvrage, honnête au plan politique — malgré deux ou trois propos affiliant directement Staline à Lénine, et faisant donc de ce dernier, à tort, un dictateur totalitaire — permet de démonter les mythes pro-Wehrmacht habituels (la défaite est due à l'hiver, les Russes étaient des sauvages, etc.). La tonalité m'a toutefois un peu gênée s'agissant des officiers nazis, décrits en termes tout à fait élogieux. Si les auteurs entendent détruire le mythe de la Wehrmacht « propre » entraînée dans les atrocités par les méchants politiciens hitlériens (en vérité, elle les a avalisées sans coup férir), ils y sacrifient un peu malgré eux en décrivant les aristocrates prussiens sous des dehors positifs (« courageux », etc.). Ça surprend et je ne suis pas tout à fait sûr que ç'eût été possible après-guerre : nous avons changé de régime d'historicité et il est de bon ton depuis la contre-révolution conservatrice (et la remontée du fascisme en Europe) de nuancer les condamnations du camp allemand (le film La chute est, de ce point de vue, un modèle de relecture historique visant à atténuer les torts du peuple allemand que je trouve assez scandaleux et qu'on pourrait à mon sens qualifier de révisionniste).

Un autre mythe auquel ce livre tord le cou est celui de la nullité proverbiale de l'Armée rouge. Si les auteurs montrent le gâchis humain, et les effets très néfastes des ordres de Staline (qui guerroie comme il industrialise ou collectivise, disent-ils, avec les traits de la doctrine bolchévique, volontarisme, grandiloquence, obsession pour l'offensive à outrance…), ils montrent aussi la qualité du matériel soviétique, l'abnégation presque sacrificielle des soldats russes qui étonna les Allemands. Qui le sait, aujourd'hui où l'on décrit trivialement l'Union Soviétique comme un régime ubuesque, absurde, haï, ridicule, etc. ?

J'ai noté, à mon grand regret, un propos absolument inacceptable, osant assimiler Nazis et Soviétiques quant à leurs intentions génocidaires vis-à-vis des minorités balkaniques. Autre point qui m'a gêné : les uchronies, ou tentatives d'imaginer "ce qui se serait passé si" (si Hitler et Staline n'avaient pas scellé leur pacte, si Hitler n'avait pas ouvert un second front, etc.). J'ai tendance à voir dans ce type d'exercice des élucubrations peu intéressantes. Par définition, nous ne savons pas et ne pouvons pas savoir ce-qui-se-serait-passé-si. Cela n'empêche pas l'ensemble d'être passionnant pour le néophyte que je suis.
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