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Critique de PhilippeCastellain


En ce qui concerne la seconde guerre mondiale, en France le front Est n'est pas très connue. On en retient l'image d'un carnage de vingt-cinq ou trente millions de morts dans la neige et la boue, de la Baltique à la mer Noire. Pour les batailles, Stalingrad. Pour ceux qui en savent un peu plus, le siège de Leningrad. A partir de Koursk, on touche aux experts. Mais l'ignorance devient presque total quant aux généraux qui dirigeaient les gigantesques masses d'hommes et de chars soviétiques. Un seul nom émerge parfois : Joukov.

Naît dans une famille pauvre, il est recueilli par l'un de ses oncles, artisan, qui le prend comme apprenti. Mobilisé pendant la première guerre mondiale, il voit ses premiers combats, s'y distingue, est blessé – et également marqué par le degré d'anarchie et de corruption de l'armée russe. A l'arrière au moment de la révolution, il rallie les bolcheviks, participe à la guerre civile, s'y distingue, est promu officier.

Il participe avec enthousiasme à la construction de l'armée rouge, se passionne pour les nouvelles théories, notamment celles sur l'usage des blindés du grand maréchal Toukhatchevski, les met en pratique pendant la guerre russo-japonaise de 1939. Dans l'univers totalement orwelien de l'URSS, il survit à toutes les campagnes de traque des « ennemis du peuple », et même aux grandes purges de l'armée, durant lesquelles le corps des officiers est décimé - Toukhatchevski lui-même est exécuté.

Quand Hitler attaque, l'armée rouge est donc dans un état de désorganisation total. L'attitude de Staline, qui pendant les premiers jours refuse de croire qu'il s'agit d'une attaque et interdit toute riposte, n'est pas pour améliorer les choses.

Quand il accepte enfin la réalité, l'URSS est dans une position désespérée. Ses armées ont subi des pertes phénoménales ; les panzers foncent sur Moscou ; les grandes villes tombent les unes après les autres. Vorochilov, Boudienny, Ieremenko, tous les militaires survivants de l'entourage de Staline sont totalement dépassés. Dans cette situation, un seul nom s'impose pour faire face : Joukov.

C'est à lui que revient la lourde tâche de sauver la Russie des nazis. Pour l'épauler, on ressort des officiers du goulag ou des geôles du NKVD – certains en assez piteux état, notamment le futur maréchal Rokossovski, qui malgré une mâchoire et trois côtes cassés suite aux interrogatoires reprend son poste comme si de rien n'était.

C'est Joukov qui mènera la défense de Moscou. Lui qui mènera la défense de Léningrad. Lui encore qui conçut le plan pour sauver Stalingrad. Il commit des erreurs stratégiques qui coûtèrent inutilement la vie à des milliers de soldats soviétiques, mais globalement, il n'est pas sûr que l'URSS aurait pu survivre à l'invasion s'il n'avait pas été à la tête de ses armées sur tous les points critiques. Tout au long de la guerre, il se heurta à la méfiance paranoïaque de Staline, qui le plaça en résidence surveillée après 1945. Après la mort de Staline, sa stature de héros fit de lui un enjeu politique pour les différentes factions s'affrontant au sein du Komintern.

Encore aujourd'hui, ses biographies sont rares. Celle-ci est un magnifique travail d'historien, et nous offre une incroyable plongée dans l'URSS et le front Est.
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