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Critique de ypolejariel


Voilà un travail d'historien comme on aime : sérieux, riche en faits, sans imprécations ni indignations, gardant ses distances avec son objet ; et qui prend néanmoins le risque de porter des jugements après un travail d'investigation minutieux.
La biographie de Joukov dépasse l'histoire de son personnage puisqu'elle se confond en large part avec celle de la Deuxième Guerre mondiale. Joukov n'a certes pas vaincu Hitler seul, mais son rôle a été probablement le plus important dans l'ensemble des généraux des forces opposées à l'Allemagne.
À propose de Staline, nos auteurs échappent à une diabolisation réductrice sans éluder sa responsabilité dans l'impréparation militaire de l'URSS à l'agression nazie (purge de la moitié des officiers supérieurs, myopie quant aux intentions de Hitler). Joukov n'est pas totalement épargné dans la mesure où il joué un rôle majeur à l'état-major général durant les cinq mois qui ont précédé la guerre. le livre, prenant la hauteur suffisante, explique que l'Union soviétique a abordé la guerre avec une doctrine militaire rudimentaire créée dans l'urgence de la Révolution lorsque l'armée rouge manquait cruellement de responsables qualifiés, la majeure partie des officiers ayant rejoint les armées blanches. Comme dans les premiers temps des guerres de la Révolution française, une doctrine délaissant les manoeuvres savantes pour favoriser l'offensive avec de gros bataillons ; et ne préparant nullement à une stratégie défensive. Staline pense à tort (mais il n'est pas le seul à l'époque), que la guerre de l'Allemagne contre la France et l'Angleterre sera longue, que les deux adversaires s'épuiseront mutuellement.
Dans les dix premiers jours de l'invasion, du 22 au 31 juin, Joukov joue un rôle essentiel pour mettre en place ce qui permettra peu à peu à l'URSS de survivre à la terrible débâcle : mesures de court-terme avec l'organisation de contre-offensives locales (d'ampleur forcément limitée), création de la Stavka, avec un Staline comme « guide » direct pour alléger la lourdeur des procédures ; mesures de long-terme avec des plans de création de plusieurs échelons de résistance dans les lignes de défense.
Joukov ne fume ni ne boit ; maniaque dans la perfection professionnelle, il met la discipline au-dessus de tout. Il veut tout voir, mais il sait déléguer. Un homme capable de dormir deux heures par jour pour abattre le travail de cinquante ; dur pour lui et les autres, parfois de façon contre-productive. Avec le courage de s'opposer à Staline pour faire prévaloir son point de vue. Mégalomane ? Sûrement, mais il a quelques raisons de l'être. "Le 24 juin 1945, presque quatre ans jour pour jour après l'invasion allemande, Joukov connaît son apothéose de soldat. Sous une pluie fine et un ciel bas, il pénètre à 10 heures sur la place rouge, immense, frémissante d'oriflammes. Mille quatre cents musiciens entament le " je suis glorifié" de Glinka, cher au coeur de tout Russe.

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